EP1 -Le mouvement Death Positive

Dans cet épisode, je vous parle du mouvement Death Positive : son origine, sa philosophie, sa diffusion (timide mais prometteuse) en France — et comment, sans le savoir, j’y adhérais déjà lorsque j’étais conseillère funéraire.
 

Écouter l'épisode complet :

 

RÉSUMÉ DE L’ÉPISODE:

Pourquoi a-t-on si peur de parler de la mort ? Et si, au contraire, on osait l’aborder avec douceur, curiosité… et même humour ?

Dans cet épisode, je vous parle du mouvement Death Positive : son origine, sa philosophie, sa diffusion (timide mais prometteuse) en France — et comment, sans le savoir, j’y adhérais déjà lorsque j’étais conseillère funéraire.

Un épisode pour comprendre pourquoi parler de la mort, c’est déjà mieux vivre. Et pourquoi, ici, on peut le faire

Pour aller plus loin sur le sujet du mouvement Death Positive, les liens dont je parle dans le podcast :

 

RETRANSCRIPTION:

Vous écoutez Beyond the Veil, le podcast qui va vous réconcilier avec la mort. Ce podcast vous est présenté par Virginie, moi, conseillère funéraire de formation et passionnée par ce sujet si tabou encore en 2025.

Ce podcast traite d'un sujet sensible et n'est ni une apologie, ni une façon de le banaliser.

Hello mes petits soleils ! Bah oui, faut quand même que je vous donne un surnom, non ? Je pense que je vais faire un sondage en fait, sur Insta, genre mes petits soleils ou alors... Ah non, non, non, non, je sais, je vais commencer tous mes épisodes par “Hello mortel, c'est la faucheuse qui vous parle”. Bon, on aura bien le temps de se décider parce que j'ai prévu des épisodes au moins jusqu'au 30 décembre et j'ai déjà la saison 2 en tête.

Bref ! Bienvenue dans Beyond the Veil, bienvenue chez moi ! Vous le constatez déjà, ce podcast, c'est pas un podcast comme les autres. Il n'est pas linéaire, avec un ton plat, fait par une personne qui peut vous donner une information. Enfin, je veux vous donner une information, mais à ma façon.

Parce que la mort, ooouuuuh, ce mot qui fait peur, on a besoin d'en parler, on a besoin de la comprendre. Parce que la mort fait partie de notre vie, parce que la mort, on la vit, parce que la mort, c'est la vie. Enfin, non. Mais... un peu. Enfin bref.

J'ai une façon bien à moi de voir la mort, une façon positive en fait. Puis vous savez, en ce moment, j'ai une chanson dans la tête qui me fait penser à la mort. C'est un peu mon hymne en fait. C'est celle-là. Oui, c'est Quand tu chantes de Nana Mouskouri dans sa version allemande. Oui, oui, oui. Elle a été remise au goût du jour par une série récente. Moi, quand je parle de la mort, j'ai cette chanson en tête. La mort nous entoure et je pense qu'il est important d'en parler.

Et je ne suis pas la seule. Parce qu'en travaillant sur le podcast, j'ai découvert qu'il existait des gens comme moi. Et du coup, je suis rassurée. Et vous devriez aussi l'être parce que vous n'êtes pas en train d'écouter le podcast d'une illuminée.

Du coup, on y va, on se donne la main, je vous emmène à la découverte de ce mouvement, ce qu'on appelle le mouvement Death Positive, la mort positive en français. Si vous ne voulez pas vous donner la main, c'est pareil, vous suivez !

La définition à proprement parler, c'est : État d'esprit visant à appréhender la mort de façon positive en la désacralisant. Le mouvement du “death positive” met en avant le fait qu'il n'est ni morbide ni tabou de parler ouvertement de la mort.

Ce mouvement est né aux Etats-Unis au début des années 2010 et il est porté notamment par Caitlin Doughty, une entrepreneuse funéraire et militante pour une approche plus saine et transparente de la mort. C'est la fondatrice de The Order of a Good Death, une organisation à but non lucratif avec un site web riche en informations. Elle est aussi l'auteur du livre Smoke gets in your eyes et la créatrice de la chaîne YouTube Ask a Mortician, Ask a Mortician, Mortician en français, si vous voulez chercher.

Je vous mettrai les liens du site et des réseaux sociaux dans la description.

Et donc c'est Caitlin qui a posé les bases de ce mouvement avec une idée simple, mais radicale : la mort n'est pas une honte, c'est un fait, et elle mérite qu'on en parle.

D'ailleurs, le terme « Death Positive » , c'est un clin d'œil au mouvement « Sex Positive » qui a permis à des générations de libérer la parole autour de la sexualité. Et donc ici, en fait, on fait la même chose, mais avec la mort. Le mouvement a édité une Charte de 8 principes qui prônent la transparence et la fin du tabou autour de la mort. Alors je vais vous les lire, on y va, c'est parti kiki !

  • Je crois que cacher la mort et la fin de vie derrière des portes closes fait plus de mal que de bien à notre société.

  • Je crois que la culture du silence autour de la mort doit être rompue à travers les discussions, des rassemblements, l'art, l'innovation et l'éducation.

  • Je crois que parler de mon inévitable mort n'est pas morbide, mais qu'il permet d'afficher une curiosité naturelle à propos de la condition humaine.

  • Je crois que le corps mort n'est pas dangereux, et que tout le monde devrait se responsabiliser, s'il le souhaite, à prendre soin de sa propre mort.

  • Je crois que les lois qui gouvernent la mort, la fin de vie et les soins palliatifs devraient s'assurer de respecter les derniers voeux d'une personne, peu importe sa sexualité, son genre, son origine et son identité religieuse.

  • Je crois que ma mort ne devrait pas impacter négativement l'environnement.

  • Je crois que ma famille et mes amis devraient connaître mes dernières volontés et m'assurer d'avoir bien transcrite ces dernières à l'écrit.

  • Je crois que mon ouverture et mon engagement à propos de la mort peuvent faire une différence et changer une culture.

Et là, ce que je viens de vous lire, ce sont les principes de cette association, mais c'est aussi un peu ma profession de foi. Ce sont mes propres principes, à moi, face à la mort.

Alors aujourd'hui, le mouvement s'est propagé à l'international et a engendré de nombreuses initiatives permettant de libérer la parole autour de ces sujets. Mais avant de vous en parler, je vais revenir sur la chronologie de ce mouvement.

Avant que le mouvement Death Positive prenne forme, il y a une femme qui a ouvert la voie, presque en silence. Cette femme, elle s'appelait Elisabeth Kübler-Ross. Les professionnels du funéraire la connaissent très bien, parce que Madame Kübler-Ross, psychiatre, pionnière des soins palliatifs, a été l'une des premières à dire dans les années 60 que la mort ne devait plus être un sujet tabou.

C'est elle qui a formulé les fameuses 5 étapes du deuil : le déni, la colère, le marchandage, la dépression, l'acceptation. On les connaît, on les cite parfois, trop mécaniquement, mais c'est ce qu'elle a vraiment fait, c'est ouvrir une brèche en fait. Elle a écouté les mourants, elle a écrit ce que personne n'osait encore dire dans le livre Sur la mort et le deuil en 1969.

Alors non, elle ne faisait pas partie du mouvement “Death Positive”, puisque Madame est décédée en 2004, mais sans elle, ce mouvement n'aurait peut-être jamais existé. En fait, en soi, elle a préparé le terrain.

Le mouvement, lui, il est arrivé bien plus tard, avec des mots plus libres, plus modernes, plus pop. Mais en fait, le cœur est le même. C'est oser parler de la mort pour mieux vivre le reste. Et au fil des années, le mouvement, lui, il a grandi. Et on a vu apparaître des initiatives dans le monde entier. Des “death cafés” qui se sont multipliés. Donc un death café, ce sont les cafés de la mort. Et donc ce sont des... Ben voilà, on se rencontre dans un café pour parler de ce sujet. Puis il y a aussi des écrivains, des podcasteurs, des artistes, des professionnels du funéraire. qui ont pris la parole. Je pense notamment actuellement à Thana Nanou, qui est thanatopractrice, Juliette Cazès et ses travaux archéologiques, ses travaux sur la mort, et aussi Taous Merakchi avec son podcast Mortel.

Il y a aussi des projets comme The Order of the Good Death, pardon, le collectif fondé par Caitlin Doughty, qui a donné une véritable visibilité sur ce sujet aux Etats-Unis ou encore en France, Happy End. Et puis, peu à peu, on a vu apparaître une communauté bienveillante, engagée, qui ose dire que oui, parler de la mort, c'est déjà mieux vivre. On voit naître des cercles de parole, des initiatives locales, des journaux de deuil, des magazines aussi, des comptes de vulgarisation. C'est encore timide, mais ça pousse. Et moi, je trouve ça beau.

Alors, pourquoi ce mouvement fait du bien, en fait ?

Parce qu'il soulage. Ce mouvement, il apaise. Et puis, il reconnecte. Le mouvement “Death Positive”, il invite à réintégrer la mort dans nos vies quotidiennes, dans nos discussions, nos rituels. Il ne s'agit pas d'idolâtrer la mort en fait, mais de l'accepter, de l'apprivoiser. Et quand on y pense, on passe plus de temps à préparer une fête de famille, par exemple un mariage, plutôt qu'à réfléchir à nos obsèques. Alors ce mouvement, il nous rappelle que la fin fait partie de l'histoire en fait, et qu'on a le droit d'en parler sans gêne, sans filtre, même avec un brin d'humour noir.

Je ne suis pas militante, je ne suis pas thérapeute, mais je crois très fort qu'on a besoin de reparler de la mort autrement, à voix haute, à voix douce, mais surtout à voix vivante.

Et c'est ça pour moi, être death positive.

Quand j'étais conseillère funéraire, alors attention, c'est le moment où Tata Micheline raconte un peu sa vie, désolée Micheline … Quand j'étais conseillère funéraire, je voyais chaque jour le malaise, le flou, l'angoisse autour de la mort. Et en fait, je me disais si seulement on pouvait en parler avant. J'avais pas encore mis de mots dessus, mais j'étais déjà dans ce mouvement de “Death positive”. Et aujourd'hui, avec Beyond the Veil, j'ai envie de continuer ce chemin, de proposer un espace sûr, doux, sincère, où la mort est invitée à la table. Pas en hôte d'honneur, parce que là, on serait un peu dans la m**** quand même, mais en présence familière.

Je ne veux pas faire peur, je ne veux pas vous faire peur. Je veux détendre l'atmosphère, je veux ouvrir les fenêtres et peut-être doucement changer un peu le regard qu'on porte sur la fin.

Alors, merci d'avoir écouté ce premier podcast, merci d'être là <3

Ah, au fait, vous pouvez retrouver les liens et ressources citées dans la description de l'épisode.

Et si le podcast vous parle, n'oubliez pas de vous abonner et de laisser quelques étoiles pour le soutenir.

Virginie Barba

Moi c'est Virginie, reine des licornes 🦄, conseillère funéraire de formation, passionnée de la mort et surtout créatrice du podcast Beyond the Veil, le podcast qui va vous réconcilier avec la mort 💀✨.

Toutes les 2 semaines, le mardi soir, on parle culture, faits de société, livres, métiers, tourisme et de toutes ces choses qui font que la mort fait partie de notre vie.

Ce podcast n’est ni une apologie de la mort, ni une tentative de la banaliser et encore moins un discours morbide. C’est un espace de réflexion et d’échange pour explorer les multiples façons dont la mort façonne nos vies et lui redonner une place dans nos conversations, sans tabou ni peur.

Beyond the Veil c'est une safe place pour parler d'un mot, d'un concept qui fait peur, en toute simplicité parce qu'en 2025 on peut parler et rire de tout, même de la mort !

https://beyondtheveil.fr
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