EP3 - Le Club des 27
Écouter l'épisode complet :
RÉSUMÉ DE L’ÉPISODE:
Dans cet épisode, Beyond the Veil s’attaque à un mythe qui fascine autant qu’il interroge : le Club des 27.
Pourquoi tant d’artistes majeurs sont-ils morts à l’âge de 27 ans ? Hendrix, Joplin, Morrison, Cobain, Winehouse… Cinq figures mythiques, un chiffre récurrent, et des morts souvent entourées de mystère.
Entre récits documentés, obsèques discrètes, rumeurs persistantes et pistes plus symboliques, je vous invite à une enquête sensible sur ce chiffre devenu légende.
Est-ce une coïncidence statistique ? Une construction collective ? Un reflet de la pression, de la solitude et des excès liés à la célébrité ? Ou le signe d’un effondrement plus profond de l’identité à un moment charnière de la vie ?
🎙️ Cet épisode vous emmène à la croisée du réel et du mythe, entre analyses, récits intimes, et réflexion sur notre rapport à la mort, à la mémoire et aux artistes qu’on aime jusqu’à l’oubli.
Pour aller plus loin sur le sujet du club des 27, les liens dont je parle dans le podcast :
L'étude menée par les chercheurs australiens
L'article de Rolling Stone sur le club des 69
La loi n° 2008-1350 du 19 décembre 2008 relative à la législation funéraire
RETRANSCRIPTION:
Vous écoutez Beyond the Veil, le podcast qui va vous réconcilier avec la mort. Ce podcast vous est présenté par Virginie, moi, conseillère funéraire de formation et passionnée par ce sujet si tabou encore en 2025. `
Ce podcast traite d'un sujet sensible et n'est ni une apologie, ni une façon de le banaliser.
Rockeurs maudits ? Légendes disparues ? Génies précoces ? Pourquoi tant d'artistes semblent-ils s'éteindre à 27 ans ? Est-ce le fruit du hasard, d'une malédiction, ou le miroir de nos propres peurs face au destin des étoiles filantes ? Installez-vous confortablement mes petits soleils, je vous emmène découvrir une histoire un peu étrange, un mythe qui fascine depuis plus de 50 ans, un club dont l'adhésion se paye au prix fort, le Club des 27.
Le Club des 27, c'est ce surnom donné à une liste d'artistes morts prématurément, tous à l'âge de 27 ans. Musiciens, peintres, poètes, mais ce sont surtout les rockstars des années 60 et 70 qui ont gravé ce mythe dans l'imaginaire collectif. Alors on pense immédiatement à Jimi Hendrix, Janis Joplin, Jim Morrison... Puis plus tard, Kurt Cobain et Amy Winehouse. Mais ce club tristement connu compte à lui seul 42 membres, 42 artistes, chanteurs ou musiciens décédés de morts violentes ou rapides. Tous jeunes, tous talentueux, tous consumés par une vie intense et brutalement partis à cet âge charnière où l'on bascule de la jeunesse à l'âge adulte.
Commençons par Jimi Hendrix. Le 18 septembre 1970, il est retrouvé sans vie dans une chambre d'hôtel à Londres. Il a été retrouvé asphyxié dans son vomi. Après avoir pris des somnifères avec de l'alcool. Officiellement, une overdose accidentelle. Le chanteur aurait pris de l'alcool avec un somnifère très puissant, le Vesperax. Mais les circonstances restent floues. Certains témoins parlent de désaccords financiers, de tensions avec sa maison de disques, qu'il aurait voulu quitter. Son corps aurait été déplacé même depuis l'appartement de sa compagne vers cette chambre d'hôtel. Son manager refuse de commenter publiquement la mort d'Hendrix. Alors à l'époque, Jimi Hendrix n'était pas seulement un guitariste. Il était une révolution à lui seul. Sa musique, son style, sa manière d'être, tout chez lui vibrait d'une intensité presque inhumaine.
Jimi Hendrix est enterré à Renton, dans l'état de Washington, et il a eu une cérémonie familiale discrète. Il n'y a pas eu de cérémonie publique malgré la célébrité du chanteur.
Deux semaines plus tard, c'est Janis Joplin qui est retrouvée morte dans sa chambre à l'hôtel Landmark de Los Angeles d'une overdose d'héroïne. Janis enregistre son dernier album. L'équipe dit qu'elle va bien, elle appelle des amis le soir même. Le lendemain, elle ne se présente pas en studio. On la retrouve morte, seule, au pied de son lit. Aucune lettre. On retrouvera une seringue, mais personne ne l'a vue consommer ce soir-là. Pourtant, sa dose habituelle n'aurait pas dû la tuer. Les autorités ont constaté plusieurs overdoses ce week-end-là dans le quartier. Un fournisseur commun, une erreur de dosage, un meurtre.
Sa mort, elle, a été éclipsée par le choc Hendrix. Deux artistes majeurs morts à 27 ans, à deux semaines d'intervalle. Côté obsèques, Janis Joplin n'a pas eu de funérailles traditionnelles. Son corps est crématisé et ses cendres ont été dispersées dans l'océan Pacifique, selon ses souhaits.
Quasiment un an plus tard, le 3 juillet 1971, c'est au tour de Jim Morrison, le poète des Dors, de rejoindre les étoiles. Il est retrouvé mort dans la baignoire de l'appartement de sa compagne, dans le quartier du Marais, à Paris, loin des projecteurs. Les circonstances restent floues. Crise cardiaque, overdose ou peut-être simplement un cœur usé trop tôt ? Aucune autopsie n'a été faite. Le rapport officiel, lui, parle d'une crise cardiaque dans une baignoire. Mais personne n'a vu son corps, sauf sa compagnie. D'ailleurs, aucune image du corps n'est diffusée. La presse est avertie plusieurs jours plus tard. Son décès, lui, reste l'un des plus flous. Certains affirment qu'il a fait une overdose dans les toilettes d'un club parisien et qu'on l'a transporté discrètement. Un ancien manager de rock français affirme avoir été témoin de la scène. Certains disent même qu'il aurait simulé sa mort. Jim Morrison repose au père Lachaise, dans l'anonymat. Même sa pierre tombale d'origine ne portait pas son nom. Enfin, anonymat, tout est relatif.
Aujourd'hui, de nombreux visiteurs viennent lui rendre hommage. Il y a des barrières qui ont été déposées autour de sa sépulture et des chewing-gums sont déposés sur un arbre juste en face de sa sépulture.
Des décennies plus tard, Kurt Cobain, le leader de Nirvana, se suicide en 1994, chez lui, à Seattle. Le 8 avril 1994, un électricien découvre son corps. Il s'est tiré une balle dans la tête avec un fusil de chasse. Une lettre d'adieu est retrouvée, mais certains mots semblent avoir été ajoutés après coup. Le toxicologue indique une très forte dose d'héroïne dans son sang, trois fois supérieure à la dose létale. « Trop forte » , disent certains, pour lui permettre de manipuler une arme. La thèse du suicide est officiellement retenue, mais elle reste controversée.
Pas d'enterrement, il est crématisé. Ses cendres ont été dispersées à plusieurs endroits, notamment dans une rivière près de sa maison.
Ce que l'on ne peut pas faire en France aujourd'hui, car depuis la loi 2008-1350 du 19 décembre 2008, les cendres d'un défunt sont assimilées à un corps. En ce sens, elles ne peuvent faire l'objet d'une partition, ce qui reviendrait à démembrer un corps.
Aujourd'hui, l'affaire Cobain est l'une des plus controversées du club des 27.
Amy Winehouse, elle, avait peur du club des 27. Elle en parlait souvent. Elle y est entrée en juillet 2011. Son décès intervient à Londres d'une intoxication alcoolique après plusieurs semaines d'abstinence. Sa mort semble liée à une rechute brutale. Le taux d'alcool dans son sang est plus de 4 fois supérieur à la limite légale.
Amy a eu des funérailles privées. Elle repose au cimetière Edgwarbury. Sa tombe est aujourd'hui visitée par des milliers de fans qui déposent des messages et des bouteilles de whisky.
Alors, pourquoi 27 ans ? Ça aurait très bien pu être 25 ou 30.
Des chercheurs en épidémiologie australiens ont analysé les décès de 1046 musiciens célèbres et en viennent à la conclusion qu'il n'y a pas de pic de mortalité à 27 ans. Mais les musiciens meurent en moyenne plus jeunes que la population générale. Chez les artistes connus, la pression, la célébrité et les addictions peuvent rendre cette tranche d'âge plus risquée. À 27 ans, on est plus jeune prodige, mais on n'est pas encore mûr. Les attentes explosent, l'image publique écrase l'individu. Beaucoup d'artistes du Club des 27 ont exprimé dans leurs écrits et leurs chansons une lassitude, une solitude, un épuisement. Le psychanalyste James Masterson parle d'un effondrement de l'identité typique chez les personnes à fort potentiel, trop exposées, trop tôt. Il existe même des théories astrologiques ou mystiques affirmant que certains cycles de vie culmineraient vers cet âge.
Mais au fond, est-ce que c'est vraiment une malédiction ? Ou bien est-ce que c'est notre besoin humain de donner du sens à l'inexplicable pour se rassurer ? Comme par exemple cet autre club, le Club des 33, fondé par un certain Jésus Christ de Nazareth, dans lequel on va entre-autre retrouver Daniel Balavoine ou Marcel Serdant, le compagnon de Edith Piaf. Alors, on n'est pas sur un club hyper prestigieux, mais franchement ça passe.
Ou encore, au début de l'année 2016, les médias ont préféré un autre âge, 69 ans. Le site français de Rolling Stone partait du décès de l'acteur Alan Rickman et des chanteurs Michel Delpech et David Bowie, tous décédés avant d'avoir 70 ans, pour évoquer une éventuelle création d'un club des 69.
Alors, j'ai envie de dire, à chaque âge, son club. Ou alors, est-ce que ce serait pas simplement un effet Werther ? Ou alors une légende urbaine ? Parce que oui, le club des 27 est devenu une légende. Et les légendes attirent, forcément. Certains, certaines, jeunes artistes, fragiles ou en quête de sens, peuvent inconsciemment s'identifier à ce mythe destructeur, parce que plus on va parler du Club des 27, plus il devient réel et plus il attire.
D'ailleurs, on en parle dans les chansons, comme par exemple 27 des Fall Out Boys, ou encore dans les jeux vidéo. En 2016, dans le jeu Hitman, une mission s'intitule Club 27. L'un des objectifs est d'assassiner le chanteur et leader fictif d'un groupe de rock le jour de ses 27 ans. Et ça, c'est l'effet Werther, un mythe qui se nourrit de lui-même.
Mais le terme Club des 27 relève tout bonnement de la légende urbaine. Tout d'abord parce qu'il ne compte en son sein que les morts les plus célèbres, des stars aux zénith de leur carrière, et les causes les plus tragiques, suicides, overdoses, noyades.
Et puis, on va pas se mentir, dans les années 60 et 70, la drogue, la cocaïne et l'alcool avaient une place très importante auprès des artistes. Les managers et les maisons de disques fournissaient même les artistes.
Pourtant, au-delà du mythe, ce fameux club des 27 n'est pas qu'une liste de noms. C'est aussi une ode à la fragilité humaine, une manière de nous rappeler que le génie ne protège pas de la douleur, que la beauté, l'art, l'inspiration sont souvent entremêlés avec des luttes invisibles. Ce club nous parle de la pression médiatique, de la solitude derrière la célébrité, mais aussi de notre fascination pour les destins brisés.
Le Club des 27, c'est peut-être notre manière de faire survivre ces voix en les liant à un mystère, parce que l'idée d'un simple accident serait peut-être trop douloureuse. Le Club des 27, ce n'est pas qu'un chiffre, c'est un symbole, celui d'une société qui consomme ses artistes trop vite. C'est une alerte, une tension entre lumière et autodestruction. Un deuil collectif et un hommage jamais terminé.
Et Michel Drucker dans tout ça ? Bon, lui ça fait longtemps qu'il a dépassé les 27 ans. A 82 ans, monsieur a survécu à Johnny Halliday, la reine Elisabeth et tous les papes !
Merci d'avoir écouté Beyond the Veil. Vous pouvez retrouver les liens et ressources citées dans la description de l'épisode. Et si le podcast vous parle, n'oubliez pas de vous abonner et de laisser quelques étoiles pour le soutenir.
On se retrouve bientôt pour un nouvel épisode.