EP7 - Putain, 12 ans

 

Écouter l'épisode complet :

 

RÉSUMÉ DE L’ÉPISODE:


Il y a douze ans, Véronique, ma maman, est décédée. Elle avait 49 ans. Moi, j’en avais 30.Je venais de me marier 1 mois et 11 jours auparavant.

Dans cet épisode intime et sans filtre, je vous raconte ce jour qui a tout changé : l’hôpital, l’appel, l’absence, les questions sans réponses… et surtout l’amour immense qui continue, malgré tout.

Ce n’est pas juste une histoire de mort, c’est une histoire de lien, de transmission, de deuil et de résilience. C’est un hommage. Une lettre audio. Une manière de dire merci, 12 ans plus tard.

 

RETRANSCRIPTION:

Aujourd'hui, ça fait 12 ans que ma maman est décédée, alors j'ai décidé d'en parler. Cet épisode n'est pas monté, il est brut, parce que ça a déjà été compliqué de l'écrire, comprendre que j'ai beaucoup pleuré. Alors de voir le retravailler et m'entendre dire plusieurs fois les mêmes phrases, je vous aime bien, mais non merci ! Elle s'appelait Véronique, elle avait 49 ans, elle avait été amenée à l'hôpital de Bourg-en-Bresse le vendredi soir, pour des symptômes d'infarctus. Elle a eu tous les symptômes. à plusieurs heures d'intervalle. Mais les médecins n'ont pas vu, pas compris, puisque l'infarctus féminin, comme on m'a expliqué, est différent d'un infarctus masculin. À 18h, elle devait sortir. Et à 17h45, elle est tombée en asystolie, une sorte de rupture d'anévrisme, mais au niveau du cœur, comme on m'a expliqué. Ils ont tenté de la réanimer pendant 45 minutes, c'est le médecin présent qui me l'a expliqué. Normalement, c'est 30. mais ils ont tenté un peu plus, mais elle est jamais revenue. Ce jour-là, moi, j'étais à la Japan Expo, ma toute première et ma dernière, forcément. J'avais fait dédicacer La Petite Mort de Davy Mourier, c'est ironique, mais voilà, haha. Et quelques années plus tard, j'ai revu Davy Mourier, je me suis fait dédicacer un autre tome, et je lui ai expliqué en fait. Et malaise pour lui, mais moi j'ai ri, beaucoup, de l'ironie. Je pensais passer une journée légère à la Japan Expo. Et puis, à la sortie, vers 19h30, j'ai reçu un appel. Un médecin, froid, presque robotique. « Votre maman a fait un malaise cardiaque. » Trois fois, je lui ai demandé si elle allait bien. Trois fois, il m'a répété cette phrase. Jusqu'à ce que je comprenne. J'ai mis cinq ans à arrêter de me demander si elle s'était vue mourir. Si elle en avait eu conscience. Si elle avait eu peur. Je le saurais jamais, mais son dossier médical que j'ai récupéré me dit que non. Mais cette pensée-là, elle m'a suivie longtemps. Ce qui m'a manqué au début, c'était juste ma maman. Sa voix, ses messages, nos confidences, et puis ses appels pile à minuit pour mon anniversaire. Et ses chansons, surtout. Parce que, vraiment, à minuit, elle vous réveillait et elle vous chantait un joyeux anniversaire. Elle croyait en moi, toujours. Elle avait ce rire énorme, ce cœur immense. Et cette phrase, quand on partait à plusieurs en voiture, « C'est pas grave, on va le mettre dans le coffre avec une paille. » Et quand il a fallu remonter ses cendres à Arras, et qu'il s'est posé la question de « On met où maman ? » pendant ce long trajet, j'ai regardé mon ex-mari aujourd'hui, à moitié en pleurs, et je lui ai dit sans réfléchir « Bah, on a qu'à la mettre dans le coffre avec une paille. » Elle est partie comme ça, son dernier voyage, bourre en bresse à race, dans le coffre. Sans paille, mais bien calée, pour pas trop bouger. Ma mère m'a eu à 19 ans. C'était plus une grande sœur qu'une maman. On s'est mal comprises, souvent. Souvent, jusqu'à mes 25 ans. Et puis, on s'est retrouvées, mais pas longtemps. Elle travaillait dur, elle aimait cuisiner, fêter son anniversaire, se balader dans sa titine, sa voiture. Elle aimait la vie, et puis elle m'aimait plus que tout. Il y a à peu près 20 ans, alors que j'étais au chômage, elle m'a dit « je m'en fais pas pour toi, tu retombes toujours sur tes pattes » . Et cette phrase-là, c'est mon héritage, c'est gravé au fer rouge. Je sais qu'elle serait fière de moi aujourd'hui, même si elle ne connaît pas mon podcast, même si elle n'a pas connu tout ce que j'ai fait entre deux, parce qu'elle est partie bien avant tout ça, je sais qu'elle serait fière de moi, parce que je suis là, et je suis un peu elle. Avec quelques réglages forcément. Alors aujourd'hui je lui dis merci. Merci pour la femme que je suis. Pour tout ce qu'elle m'a transmis. Voilà. Putain. 12 ans.

Virginie Barba

Moi c'est Virginie, reine des licornes 🦄, conseillère funéraire de formation, passionnée de la mort et surtout créatrice du podcast Beyond the Veil, le podcast qui va vous réconcilier avec la mort 💀✨.

Toutes les 2 semaines, le mardi soir, on parle culture, faits de société, livres, métiers, tourisme et de toutes ces choses qui font que la mort fait partie de notre vie.

Ce podcast n’est ni une apologie de la mort, ni une tentative de la banaliser et encore moins un discours morbide. C’est un espace de réflexion et d’échange pour explorer les multiples façons dont la mort façonne nos vies et lui redonner une place dans nos conversations, sans tabou ni peur.

Beyond the Veil c'est une safe place pour parler d'un mot, d'un concept qui fait peur, en toute simplicité parce qu'en 2025 on peut parler et rire de tout, même de la mort !

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