Le cimetière Nord de Béthune - un musée à ciel ouvert - Cimetières

Visite au cimetière Nord de Béthune par Beyond the Veil - Le podcast
 

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RÉSUMÉ :

Dans cet épisode immersif, Beyond the Veil vous emmène en promenade dans les allées du cimetière nord de Béthune, dans les Hauts-de-France. Micro en main, j’explore ce lieu méconnu mais chargé d’histoires, entre tombes monumentales, carrés militaire et religieux, symboles sculptés et parcours de mémoire.

Au fil de la visite, je vous raconte les traces laissées par les familles, les résistants, les Charitables ou encore les sœurs hospitalières. On y croise des stèles fleuries de mosaïques, une chapelle bourgeoise, des tombes d’enfants, des symboles oubliés et une foule de récits gravés dans la pierre.

Un épisode à hauteur d’oeil, entre patrimoine local et regard tendre sur ces lieux de recueillement.

🎧 À écouter comme si vous y étiez.

Pour aller plus loin dans l'épisode :

 

TRANSCRIPTION:

Bloopers : Tu crois qu'il était canadien ? C'est Monsieur Calice. Pardon. Ah, il y a encore les porcelaines.

Hello mes petits soleils, je vous embarque avec moi dans ce deuxième épisode de Cimetière, la saga funéraire de l'été, au cimetière Nord de Béthune, dans les Hauts-de-France. Un endroit à la fois calme, je vous jure là, si vous entendez du bruit autour, c'est à l'extérieur du cimetière. ancien et en même temps terriblement vivant. Un espace de mémoire, de transmission, mais aussi de nature et d'innovation. Parce que ici, on a misé sur une nouvelle façon de raconter les morts. Grâce à un livret de visites, à des pupitres, des QR codes et même une application mobile, on va découvrir autrement ceux qui ont fait la ville. Anciens maires, résistantes, architectes, infirmières, soldats et même religieuses. Alors prenez votre casque, votre bouteille d'eau, c'est important de s'hydrater en été et on se donne la main, allez on se donne la main et on y va !

La mairie de Béthune a récemment édité un guide de visite patrimoniale disponible à l'Office du Tourisme. Ce livret propose un parcours fléché à travers les tombes de personnalités locales avec pupitres, QR code, fiches biographiques. Conçu notamment par Clara Le Verde, ce guide donne des clés pour comprendre l'évolution du lieu, les symboles funéraires et les figures qui ont façonné la ville. Mais avant de passer le portail, je voulais juste m'arrêter ici, devant cette petite plaque que vous verrez en photo, en story, qui dit « Nous vous invitons à une balade pas comme les autres, à déambuler dans ces allées chargées d'histoire, pour une promenade pleine de surprises, à la découverte des hommes et des femmes qui ont fait l'histoire de Béthune. » Vous avez un petit QR code à côté, parce que ce qui est bien, c'est que c'est aussi une visite interactive, où vous pouvez vous servir de votre téléphone portable, puisque vous allez avoir des panneaux sur chaque tombe. Allez c'est parti, on y va, suivez-moi ! Donc là je suis dans l'allée principale, cette grande allée. Et donc à peine arrivée, vous avez sur votre droite un panneau explicatif qui vous explique un peu l'histoire du cimetière et vous avez le plan du cimetière. Et en face se trouve un monument érigé par le souvenir français en souvenir du massacre de 350 déportés du travail de cette nation le 30 mars 1945 au Romberg Park de Dortmund. Une urne est déposée sous la dalle qu'il y a à l'entrée.

Mais avant de continuer dans l'allée principale, un peu d'histoire. Avant 1776, les morts de Béthune étaient enterrés dans les églises ou les cimetières paroissiaux intramuros. Mais cette année-là, un édite royal interdit toute inhumation en ville. Le 9 juillet 1779, un terrain situé au Faubourg de Catorive est béni pour accueillir les défunts. Le 16 juillet, le premier enterrement y a lieu. Il faut savoir que depuis, le cimetière Nord est devenu un lieu de mémoire collective et en 2024, comme je vous l'indiquais, la ville a inauguré un parcours de mise en récit. C'est un parcours scénographié, ce qui fait de lui un lieu plus paisible, plus humain. Un véritable musée à ciel ouvert. Loin d'être figé, ce cimetière est aujourd'hui un lieu de promenade, de culture et de transmission et même de biodiversité grâce à la politique de renaturalisation des espaces verts de la ville. Mais revenons à ce panneau d'accueil. Il annonce la balade, une balade pas comme les autres. Et c'est exactement ça. Les vivants ici ne dérangent pas les morts. Ils écoutent, ils les visitent, ils les découvrent. Allez, on va marcher et on va découvrir ce cimetière. Alors il faut savoir qu'ici, le cimetière de Béthune, il est beaucoup plus petit que le cimetière d'Arras. Mais il est quand même pas mal grand. C'est pas le petit cimetière de campagne. Donc dans l'allée principale, on a des tombes qui sont principalement vieilles. grise comme j'ai l'habitude de le dire. Ce qui donne un charme en fait à ce cimetière c'est ce mélange entre l'ancien et le nouveau parce que différemment d'Arras où on avait vraiment des secteurs de tombes très anciennes etc ici on va pouvoir à côté d'une tombe qui a été érigée de façon très ancienne juste à côté ou juste derrière vous allez avoir une tombe beaucoup plus récente qui va dater des années 2000 ou 1990. Ce que j'aime aussi ici, c'est les photos. Ça fait plusieurs tombes que je croise et je vois des photos. Et ça, je trouve ça super joli, vous vous en doutez. Et quand elles ont des photos et des porcelaines, ça vaut la photo. Je crois que cette tombe, ça va être ma tombe préférée. Ce sont des personnes qui sont décédées en 1930 et en 1951. Je pense que je vais m'intéresser à ces personnes, un peu aller voir aux archives leur vie, parce que leurs photos sont magnifiques et je sais pas, j'ai un petit coup de cœur pour ces gens. Tu crois qu'il était canadien ? C'est Monsieur Calice. Pardon. Mais t'as vu ? Ce monsieur, il a appartenu à la Confrérie des Charitables. Tiens, je vais la prendre en photo. Ici, je me trouve devant la tombe de Victor Calice, prévôt de la Confrérie des Charitables. Alors, je ne vous le dis pas tout de suite, je ne vous en parle pas tout de suite. Je ne vais pas vous dire ce qu'est la Confrérie des Charitables, puisque c'est... prévu un petit peu plus loin mais je trouvais ça assez important pour le souligner puisque les gens qui appartenaient à la confrérie des charitables n'ont pas un carré à eux, ce sont des personnes qui sont enterrées de façon individuelle avec leur famille mais tomber sur une tombe comme ça qui met en avant le fait que ce monsieur était charitable je trouvais ça assez important. Alors vous verrez cette visite est un peu plus préparée que à Arras, Arras on était vraiment dans de la redécouverte Ici on est vraiment sur quelque chose qui est préparé parce que j'avais vraiment envie de vous faire une visite touristique de ce cimetière de Béthune puisque Béthune c'est pas forcément une ville dans laquelle on va aller visiter un cimetière comme de très grandes villes comme Lille, Arras, Le Père Lachaise, Paris mais c'est une ville où la mairie a fait l'effort de proposer une visite guidée, de faire découvrir ses figures locales. Alors ici on va trouver des caveaux aussi et c'est ce que j'adore en fait je crois que c'est en plus des tombes des sépultures, c'est les caveaux. J'adore. Et là, le caveau devant lequel je suis, c'est celui de la famille A de Baliancourt, dit Courcole. Et il est ouvert. Je ne vais pas me permettre de rentrer à l'intérieur, mais je vous le prends en photo. C'est super joli. Ah, ici, on a une tombe qui est très, très ancienne, puisque la dernière personne qui a été inhumée ici... est décédé en 1917. La tombe est un peu bancale, mais ça lui donne beaucoup de charme. Et il y a une petite porcelaine dessus. Ici je me trouve devant une sépulture où il y a une toute petite plaque indiquée Souvenir Français. Dans l'épisode précédent, je vous avais expliqué ce qu'était le Souvenir Français. C'est une association qui a été créée bien avant la fin de la Première Guerre mondiale. pour s'occuper de la mémoire des soldats et soldates tombés au combat pour qu'on ne les oublie pas. Et ici repose Albert d'Orlancourt, veuf en première noce de Marie Wanaime, époux de Anna Biancourt, repose également Gabriel d'Orlancourt et Gabriel au féminin, et Gabriel d'Orlancourt au masculin, sous-officier au 262e régiment d'infanterie, médaille militaire Croix de Guerre, tombé à Douaumont le 22 février 1916, âgé de 29 ans. Donc là je vais me diriger vers la sépulture d'une figure locale, Eugène Béguin. Alors ici, contrairement au cimetière d'Arras, où toutes les poubelles, oui je reviens sur mes poubelles, sont situées un peu partout dans les allées, ici il faut savoir qu'il y a des conteneurs qui sont simplement à un seul endroit. Ah non, deux endroits. Mais c'est mieux caché qu'à Arras. Arras, ce n'était pas vraiment des emplacements, c'était vraiment parmi les tombes, alors qu'ici j'ai l'impression qu'il y a eu un travail aussi qui a été fait. sur l'emplacement des poubelles. C'est bête à dire, mais je trouve ça très important, moi, que la poubelle se fonde dans un cimetière et pas qu'elle soit placée là parce qu'il faut juste qu'on place une poubelle. Si vous avez l'occasion aussi de venir un jour au cimetière de Béthune et que vous avez l'occasion de suivre ce parcours mis à disposition à l'Office du Tourisme, vous verrez des petites flèches sur le sol, des petites flèches vertes. Donc c'est un petit panneau avec une flèche verte qui vous indique Merci. le sens de la visite puisque si vous suivez ce petit panneau vous allez tomber forcément sur une tombe avec une plaque explicative là on a trois caveaux côte à côte non ils n'ont pas fait ça alors je dis ça parce que en fait je trouvais ça joli parce qu'on a trois caveaux côte à côte mais du coup je me disais waouh c'est vachement joli architecturellement parlant c'est très bien pensé sauf que le nom ils ont pas fait ça c'est qu'on a une porte ici une porte beaucoup plus moderne c'est surprenant mais c'est bien pensé dans la mesure où c'est une porte c'est du double vitrage en fait c'est moderne ça ferme à clé alors c'est une personne qui est décédée donc là je me suis un peu approché La personne est décédée en 2007. A mon avis, c'est la dernière personne dans ce caveau familial. Eh ouais. La porte est fermée. Je vous prends la porte parce que c'est quand même surprenant. Je vous la montrerai en story. Je crois que j'ai trouvé ma deuxième tombe préférée. Parce que là, il y a un peu de violet sur cette tombe. C'est très joli. Et des porcelaines. Et des vases. Oulala Toujours dans l'allée principale, après avoir passé les trois caveaux, sur ma gauche se trouve la sépulture de Aristide Delannoy, qui est décédé en 1911. Aristide Delannoy est un peintre, dessinateur de presse, caricaturiste et militant libertaire. De sensibilité anarchiste, il publie des dessins dans l'Assiette au beurre, puis collabore avec de nombreux journalistes libertaires et antimilitaristes, dont les Hommes du Jour. pour lequel il réalisera près de 150 couvertures, dont certaines très recherchées. Ses engagements politiques lui valent d'être inquiétés par la police et il finit par être condamné à un an de prison. Miné par la tuberculose, il est libéré le 21 juin 1909 et décède à Paris des suites de cette maladie. Là, j'ai pas fait un travail de recherche sur Aristide Delanois, je vous ai simplement lu le panneau qui se trouve devant cette sépulture. Et là, ce petit QR code, je viens de le flasher et ça m'emmène vers la fiche. de Aristide de Lanois, avec un extrait de l'assiette au beurre, une photo, et c'est super documenté. Et j'aime beaucoup ça, parce que je trouve l'idée très bonne, dans le sens où la ville de Béthune a vraiment fait de ce cimetière un musée. Vous prenez le QR code et vous vous documentez, vous lisez. Il y a vraiment une volonté de faire revenir les personnes au cimetière, et moi j'adore ça. Face à la sépulture d'Aristide de Lanois se trouvent deux carrés. Tout d'abord le... Carré britannique qui a été pris en charge par la Commonwealth War Grave Commission, dont je vous parlerai tout à l'heure. Le deuxième carré est un carré religieux et je vous en parle un peu plus tard dans ma visite. Allez, on va chercher Eugène ! L'allée que je suis en train de remonter, j'ai des sépultures très anciennes de chaque côté. C'est impressionnant ! J'aime aussi m'attarder devant les photos des défunts, parce que je les trouve très jolies. Je me demande aussi quelle a été la vie de ces personnes. Et puis aussi parce que les gens qui sont décédés dans les années 80 avaient des photos toujours un tout petit peu qui tchouillent, et ça me fait légèrement sourire. En fait, pour trouver Eugène Béguin, vous trouvez la tombe d'Arrestide Delannoy qui se trouve au milieu de l'allée centrale. Vous tournez à gauche, vous remontez l'allée et Eugène Béguin va se trouver juste sur votre droite. Avant de me recueillir devant la sépulture de Jeanne Béguin, j'admire la vue, puisque de mon point de vue ici, je peux voir l'église Saint-Va, le baie-froid également, et je trouve cette vue magnifique. Par contre, ce que je vais regretter ici, même s'il y a un très grand travail de végétalisation, et qu'il y a énormément de végétation, que c'est très beau, etc. Il n'y a pas d'arbre. Je vous jure, si vous venez, prenez un chapeau, un parasol, mais il n'y a pas d'arbre. Il y a très peu d'ombre ici. Je me trouve ici en face de la tombe de Jeanne Béguin, historien, archiviste, chroniqueur féru de mémoire. Jeanne Béguin a publié un ouvrage fondamental pour la ville de Béthune, Histoire de la ville de Béthune. C'est un livre d'une richesse... incroyable, que je suis en train de lire, qui retrace les grands événements, les figures locales, les anecdotes, les crises, les épidémies, les faits divers. Eugène Béguin notait tout. Les discours officiels, les tremblements de terre, les exécutions sur la place d'armes. Grâce à lui, on connaît la ville comme personne. Partons maintenant à la rencontre d'une grande femme. Forcément, ce qui m'attire l'œil, j'y vais. Là, je viens de voir une tombe avec des petits anges. Ça, ça me fait mal au cœur, comme tout en fait. Mais là, ça me fait encore plus mal au cœur parce que je me trouve devant la tombe d'un bébé. Et c'est ça aussi la réalité des cimetières, c'est qu'on ne va pas trouver non plus des tombes très anciennes, etc. On est dans la réalité, en fait, on est dans la vraie vie. Ce que l'on va voir, les personnes décédées ont une histoire, jeunes, moins jeunes, décédées de vieillesse, accidents, de choses terribles. Puis après, on va tomber sur des bébés. Sur mon parcours, maintenant je suis, avant de trouver la sépulture de cette femme, je me trouve face au cimetière militaire de Béthune, qui se trouve à la toute fin du cimetière. Il est très grand et c'est quelque chose que l'on va visiter ensemble tout à l'heure. Alors pour le moment, dans mon top 10 des cimetières dans lesquels je vais trouver des porcelaines super canon, même si j'adore Arras, Béthune surpasse un peu tout, dans la mesure où je ne vois que des porcelaines. Ici, je me trouve devant la sépulture d'une grande dame, d'une dame qui a été faite citoyenne d'honneur de la ville de Béthune. C'est une stèle simple pour une grande femme. Voici Sylvette Leleux, résistante du réseau Musée de l'Homme, condamnée à mort, déportée à Ravensbruck, elle a survécu, puis elle est devenue conseillère municipale, militante pour la mémoire, commandante de la Légion d'honneur. Voici le carré militaire, ou plutôt le Bethune Town Cemetery. Plus de 3000 soldats y sont inhumés. La plupart sont morts dans les hôpitaux militaires anglais de la ville, loin du front, puisque Bethune était une ville qui n'a pas combattu, c'était plus pensé comme un hôpital militaire. On va trouver ici des stèles britanniques, des tombes hindous, quelques allemandes et 147 sépultures de soldats coloniaux français, Algérie, Maroc, Sénégal. Ce carré est entretenu avec un soin exceptionnel. par la Commonwealth War Graves Commission, un jardin militaire d'une grande dignité, avec le silence des arbres. Oui, j'ai dit le silence des arbres, parce qu'il y a le silence, mais on entend surtout le bruissement des feuilles. Ici dans ce carré, ce qui est remarquable, c'est la Commonwealth War Grave Commission. C'est-à-dire que tout est beau, tout est blanc, blanc un peu passé, tout est aligné. Et là, il n'y a personne avec moi en fait. Je veux dire qu'il n'y a pas d'autres visiteurs. Il y a juste ce petit oiseau là qui chante. Ça donne un super charme et ça me donne vraiment envie d'aller prendre un bouquin. de me poser et de ne plus bouger. Et au fond de ce cimetière, il y a les soldats allemands. Ces soldats allemands avec une sépulture en pointe et un sigle qui leur est reconnaissable. Et puis j'ai décidé de faire une pause ici, dans ce carré militaire, en m'asseyant sur un banc pour tenir compagnie aux soldats. Un petit temps. Et puis aussi prendre le frais, parce que je vous jure qu'il fait chaud. Par tradition, un soldat britannique est enterré là où il est tombé. Béthune n'ayant jamais eu un lieu de combat, les sépultures sont en majeure partie celles des soldats décédés dans les ambulances anglaises installées dans les collèges de la ville. Le nombre de morts à une même date donne un aperçu des événements. Au fond du carré, 30 soldats et officiers du Manchester Régiment tués le 22 décembre 1917 lors d'un bombardement Boulevard Kitchener. A partir de cette date, peu de sépultures viennent s'ajouter aux nombres déjà conséquents. Béthune devient la cible de bombardements intensifs, les ambulances britanniques quittent alors la ville. Aujourd'hui, 3295 sépultures de la Grande Guerre jonchent une partie du cimetière communal de la ville. Et puis il y a Ivor Alexander Macrae, du King's Own Scottish Borderers Regiment. Il est mort le 14 octobre 1914 à 19 ans. Et c'est le premier soldat britannique à être enterré à Béthune le 14 octobre. jour anniversaire de la bataille d'Astings, ville jumelée à Béthune. Après, ce que je trouve intéressant aussi, c'est que l'association Le Souvenir Français a mis en place une application qui s'appelle Géomémoire, qui nous géocalise dans un cimetière et qui va nous permettre de découvrir l'histoire de ces soldats et soldates tombés au combat. Et je trouve ça super intéressant. Aujourd'hui, en fait, avec l'ère du numérique, ça va permettre aux plus jeunes, aux adolescents, à toutes ces personnes qui, de base, en fait, s'en ficheraient du tourisme de mémoire, de la mémoire des soldats. d'aller sur leur téléphone, d'aller sur leur application et d'avoir des renseignements et de faire revivre ces soldats tombés au combat. Alors maintenant, je vais revenir sur mes pas et on va aller au carré religieux. Ici, à l'écart, repose toute une mémoire spirituelle. Trois congrégations y sont représentées. Les Sœurs de la Charité de Saint-Vincent de Paule, les Sœurs Hospitalières et Franciscaines de Calais et les Sœurs de la Miséricorde. C'est ce qu'on appelle ici le carré des Sœurs. Elles ont soigné, enseigné, aidé les mourants. Leurs stèles sont simples, mais leur rôle a été immense. Dès le XVe siècle, Béthune devient le siège de nombreuses congrégations religieuses. En 1864, le conseil municipal décide de réserver un terrain de 20 parcelles sous la bande S pour l'inhumation des religieux et des religieuses des diverses communautés en résidence à Béthune. Trop exiguë, la municipalité concède en 1903 un nouvel emplacement. Un terrain de 60 mètres carrés est donc affecté. pour les sépultures des sœurs de l'hospice et un terrain de même contenance pour les sœurs de la charité. Les sœurs de la Miséricorde arrivées à Béthune en 1928 bénéficieront de leur propre espace d'inhumation, allé 83 numéro 1135. Toujours cette information vient du petit panneau de la visite guidée. Toujours dans ce carré, un peu à l'écart, il y a une tombe à part. Celle de sœur Marie-Laurence, née Kate McCarthy en Irlande. Infirmière pendant la Première Guerre mondiale, engagée dans la résistance pendant la Seconde, arrêtée, condamnée à mort, déportée à Ravensbrück, elle survit elle aussi. Après la guerre, elle retourne en Irlande où elle meurt en 1971. Elle incarne cette figure féminine du courage, de la foi en l'humain et en la dignité. Elle a été faite citoyenne d'honneur de la ville de Béthune. Alors ici, il s'agit d'une plaque commémorative, puisque décédée à Cork le 19 juin 1971 à 70 ans, elle y est enterrée. En marchant dans les allées, et surtout ici, au cimetière de Béthune, je prends toute la dimension du mot patrimoine funéraire. Je vois des jolies porcelaines, des colonnes brisées, des monuments impressionnants comme la tombe de Jeanne Henault, Médecin et mère, la chapelle funéraire néo-gothique de Charles de Lys-en-Grand, des colonnes tronquées, des stèles classiques du XIXe. La sépulture devient un monument d'architecture. Et ici, cette phrase prend tout son sens. On va trouver des céramiques florales, les fameuses porcelaines. une femme éplorée ou encore des mains unies évoquant les couples qui subsistent dans l'au-delà. Ici, à Béthune, une place dominante est accordée à l'homme, l'homme avec un grand H forcément. Mais on ne va pas se mentir, ce cimetière a quand même une place dominante pour l'homme, avec un petit H, alors que le rôle de la femme est mineur, existant rarement pour elle-même. Veuve éplorée, elle est condamnée à porter le deuil, mais souvent l'homme illustre se suffit avec son buste. Le cimetière Nord C'est aussi le cimetière du pouvoir local. Fait qui mérite d'être souligné, 16 mers de bétune y sont enterrées. Et certains ont laissé une empreinte qui dépasse largement leur mandat. Alors je vais en citer trois. On a Jean-Baptiste Delalofis, qui est décédé en 1838, nommé par Napoléon Bonaparte, qui a remis deux fois les clés de la ville à l'empereur. Ensuite on a Charles de Lys-Angrand, décédé en 1880, qui est enterré sous l'une des plus belles et majestueuses chapelles du cimetière. Il a modernisé la ville avec le gaz, le chemin de fer et la bibliothèque, et fait tomber ses remparts. Béthune entrera dans l'ère contemporaine grâce à lui. Et puis, mon dernier exemple est Paul Brennart, décédé en 1984, médecin résistant, bâtisseur du Béthune d'après-guerre. Ça tombait simple, mais son héritage est immense. Un lieu de pouvoir devenu lieu de mémoire, chaque maire enterré ici a marqué à sa manière l'histoire de la ville. Donc là, on arrive dans le fond du cimetière. J'entends les mouettes. Oui, parce que la ville de Béthune a cette spécificité, cette particularité, qu'on entend les mouettes. Alors bien évidemment, depuis tout à l'heure, je vous parle de tombes anciennes, de sépultures de famille, de caveaux, de vieilles pierres. Mais ça reste quand même un cimetière, et on va trouver aussi des sépultures pour tout le monde. Et c'est ce qui fait la beauté, je trouve, des cimetières, c'est ce mélange entre l'ancien, le très ancien, et le nouveau. Tout à l'heure, je vous parlais de ce mélange. Et par exemple ici, d'ailleurs je vous prends une photo. Par exemple ici, on a une première personne animée en 1915. On a une sépulture qui est quand même assez... Elle est belle ! Assez imposante, voilà, c'était le mot que je cherchais. Et puis, c'est tellement beau. D'ailleurs, désolé, mais je vous la reprends en photo. Parce qu'en plus, il y a des petites porcelaines dessus. Et puis on a aussi une petite plaque souvenir français. puisque la première personne inhumée est M. Anicot Ferdinand, mort pour la France en 1915. Et juste à côté, on a des personnes qui sont décédées en 1974 et 1996. Et donc on a un joyeux mélange, je dis joyeux, oui, entre grosse sépulture, très vieille, qui date de 1915, et juste à côté, mais vraiment à côté... et bien une sépulture qui date des années 70. Je poursuis mon chemin pour aller vers cette sépulture très imposante. Mais je pense que la partie à ma droite, c'est une partie qui fait partie, à mon avis, à mon humble avis, d'un agrandissement parce que déjà on n'est pas sur la même dimension en termes d'architecture. On a vraiment des tombes qui datent des années 90-2000 ici. On n'est plus du tout dans de la vieille pierre, donc oui effectivement je pense que ce cimetière a été étendu. Et puis on a également un troisième lieu pour des appartements des défunts, c'est-à-dire là où on va placer les urnes cinéraires. Je me trouve ici face à l'imposante sépulture de Charles de Lys-en-Grand, imposante et surmontée même. En 1840, Charles de Lysangrand prend la tête de la Sucrerie Familiale, première usine de fabrication de sucre de betterave implantée au couvent des Récollets. Cette information, je l'ai bien évidemment, grâce à l'information de l'Office du Tourisme. Charles de Lysangrand est un grand notable catholique et fervent bonapartiste. Il dirige la compagnie des mines de Vendin et diverses sociétés financières. Il émerge en 1862, puis en 1871, Béthune... se dotent grâce à lui de l'éclairage au gaz, d'un chemin de fer et du télégraphe électrique. Mais on va perdre une grande partie du patrimoine, puisque Charles de Lys-en-Grand va rester le démolisseur en donnant le premier coup de pioche et démantèlement des fortifications le 5 juillet 1870. C'est une grande perte en termes de patrimoine. J'adore les photos. Là, par exemple, j'ai des photos qui datent des années 60. Elles sont couleur sépia. Et en vieillissant, je trouve que le sépia donne quelque chose de très joli, très beau, très respectueux. Ah non, j'allais dire c'est une famille. En fait, ici, je suis face à des tombes en pierre. Il y en a sept. Je vais vous les prendre en photo. Oui, je le dis beaucoup, je vais vous les prendre en photo, mais je vous les prends vraiment en photo. Et du coup, j'étais en train de me dire, c'est la même famille qui est alignée, parce que c'est vraiment aligné. deux personnes qui se nomment Hulleux. Ah oui c'est une famille complète. Ah, il y a encore des porcelaines. Ah je vous dis, ici c'est mon top, là on est dans le top 10 de la porcelaine. Il y a énormément de porcelaine. Là, j'ai une sépulture où il y a un, deux, trois, quatre porcelaines sur la même. Waouh ! Alors ici on est sur une sépulture familiale. Mais elle est pensée comme une petite grotte, comme un hôtel, j'ai envie de vous dire. Un hôtel sur lequel il y a la Vierge Marie et autour les photos de cette famille. Oh, il y a un petit chien aussi dedans ? Non, non, je ne comprends pas. Il y a la photo d'un chien. Ils ont peut-être mis les cendres du chien à l'intérieur. Oui, parce qu'il y a une réglementation particulière pour les animaux, mais ce n'est pas le sujet ici. Du coup, je me pose beaucoup de questions. Est-ce que ce chien est... Je ne le sais pas. Mais en tout cas, il y a la photo du chien sur la sépulture. Et des jolis porcelaines aussi dessus. Ici, je fais comme ça. Simplement parce que là, je viens de voir. C'est très joli ce que je suis en train de voir. Je suis face à Léontine Richebet, qui avait 25 ans. Et la sépulture est très ancienne. Et je trouve ça très joli. Magnifique. On a des concessions expirées aussi. Avec des très vieilles photos. Waouh. Les premières personnes inhumées sont nées en 1876 et 1885 et décédées en 1968 et 1962. Tout à l'heure, je vous disais que ça manquait d'arbres. Eh bien, je vous ai menti, il y en a trois. Je suis devant les trois arbres du cimetière, au fond du cimetière, avec de l'ombre et un banc.Au début de cette visite, je vous parlais des charitables. Et il est difficile de parler du cimetière nord de Béthune sans évoquer une tradition bien vivante, celle des charitables de Saint-Éloi. Cette confrérie, fondée en 1188 par deux maréchaux ferrants, Gautier de Béthune et Germont de Beuvery, serait née en pleine épidémie, alors que les malades mouraient sans sépulture. Selon la légende, les deux hommes auraient eu une vision de Saint-Éloi leur demandant de se charger des morts des pauvres. Depuis, Les charitables accompagnent les défunts et veillent à leur inhumation dans la plus grande dignité. Et la tradition perdure. Aujourd'hui encore, les membres de la confrérie, reconnaissables à leur tenue noire et leur brassard blanc, accompagnent les cercueils, portent les morts et tracent le rond, ce cercle au sol devant le cimetière qui symbolise le passage du vivant au repos éternel. Et il n'est d'ailleurs pas rare de voir une procession en attendant son bus. Oui, oui, ça sent le vécu. Ce rituel discret, sobre, est profondément respecté dans la région. Il rappelle que la mort est l'affaire de tous, et que l'on mérite, tous, quelle que soit notre condition, un dernier geste d'humanité.

Bon, maintenant que j'ai parlé toute seule entre les tombes pendant une heure, même si j'avais un auditoire souterrain, il est temps de mettre un terme à cette visite. J'espère que cette visite du cimetière de Béthune vous a offert une page instructive et vous aura donné envie de visiter un cimetière autrement cet été. D'ailleurs, dites-moi si visiter un cimetière est dans votre to-do liste de l'été. Le cimetière Nord de Béthune n'est pas seulement un lieu de recueillement, c'est un espace de transmission, de mémoire et de compréhension de l'histoire locale. Grâce au travail de la MEP, des associations locales pour la mise en avant du patrimoine et patrimoine funéraire, au support mis en place et à l'entretien constant de ce site, chacun peut aujourd'hui découvrir les grandes figures de la ville, comprendre les symboles funéraires et remettre du lien entre les vivants et les morts. Merci de m'avoir accompagnée dans cette balade. Si cet épisode vous a plu, n'hésitez pas à laisser vos étoiles et un commentaire pour me soutenir. Et si vous passez par Béthune, je vous encourage à venir marcher ici à votre tour. La semaine prochaine, je vous emmène visiter un des plus beaux cimetières de France après celui du Père Lachaise.

Bloopers : J'ai changé de chaussures. Elles font encore ploc ploc celles-ci. Du coup je pense que c'est pas un problème de chaussures, c'est un problème de pieds. On mettra ça sur mon épitaphe. Elle avait les pieds qui faisaient ploc ploc.


Virginie Barba

Moi c'est Virginie, reine des licornes 🦄, conseillère funéraire de formation, passionnée de la mort et surtout créatrice du podcast Beyond the Veil, le podcast qui va vous réconcilier avec la mort 💀✨.

Toutes les 2 semaines, le mardi soir, on parle culture, faits de société, livres, métiers, tourisme et de toutes ces choses qui font que la mort fait partie de notre vie.

Ce podcast n’est ni une apologie de la mort, ni une tentative de la banaliser et encore moins un discours morbide. C’est un espace de réflexion et d’échange pour explorer les multiples façons dont la mort façonne nos vies et lui redonner une place dans nos conversations, sans tabou ni peur.

Beyond the Veil c'est une safe place pour parler d'un mot, d'un concept qui fait peur, en toute simplicité parce qu'en 2025 on peut parler et rire de tout, même de la mort !

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