EP10 - La mort dans la pop culture : scènes cultes et pourquoi on en redemande
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RÉSUMÉ DE L’ÉPISODE:
Et si nos séries, films, BD et chansons étaient devenus nos nouveaux rituels pour apprivoiser l’inévitable ? De Buffy contre les vampires à Game of Thrones, de Dragon Ball Z (Goku) aux zombies, en passant par Six Feet Under, Le Roi Lion, Psycho, Titanic, Sandman et la BD La Petite Mort de Davy Mourier, cet épisode décrypte comment la pop culture met en scène la fin pour mieux parler de la vie.
Dans cet épisode de Beyond the Veil, Virginie, conseillère funéraire de formation, mêle narration personnelle et analyse documentaire : définition claire de la pop culture, mini-histoire des représentations de “la dernière scène”, puis panorama par médias (ciné, séries, musique, BD/livres, art contemporain, jeux vidéo). On explore les grands tropes - Faucheuse personnifiée, morts emblématiques, “tu meurs/tu reviens”, zombies post-modernes - et ce qu’ils disent de nos peurs, de nos deuils et de nos besoins de rituels modernes.
Pourquoi ces histoires nous rassurent-elles ? Comment l’humour tendre de La Petite Mort ouvre la discussion ? En quoi les sacrifices de héros, les retours à la vie (Goku, Gandalf, Jon Snow) ou les playlists d’obsèques transforment-ils notre rapport collectif à la fin ?
Entre références cultes et regard geek, cet épisode est à voir comme un guide accessible pour comprendre pourquoi on en redemande - et comment la culture populaire nous aide à mettre des mots sur ce qu’on traverse.
À écouter si tu aimes : Buffy, GoT, DBZ, zombies, Six Feet Under, Sandman, La Petite Mort, Disney, ciné culte, musiques du deuil, art & symboles.
RETRANSCRIPTION:
Vous écoutez Beyond the Veil, le podcast qui va vous réconcilier avec la mort. Ce podcast vous est présenté par Virginie, moi, conseillère funéraire de formation et passionnée par ce sujet si tabou encore en 2025. Ce podcast traite d'un sujet sensible et n'est ni une apologie, ni une façon de le banaliser.
Connaissez-vous la scène la plus traumatisante de l'histoire du dessin animé ? Pour beaucoup d'entre nous, c'est la mort de la maman de Bambi en 1942 ou alors encore celle de Mufasa dans Le Roi Lion. En 1994, qui n'a pas versé sa petite larme quand le jeune Simba tente de réveiller son père inanimé sur la plaine ? Hello mes petits soleils ! Dans ce nouvel épisode de Beyond the Veil, on se penche sur un sujet à la fois sombre et fascinant, la mort dans la pop culture. Ouais, la grande faucheuse s'invite partout, des pages des comics jusqu'au refrain de nos chansons préférées, en passant par les écrans de cinéma et de télévision. Alors pourquoi j'ai décidé de parler d'un tel thème ? Parce que la pop culture, c'est-à-dire la culture populaire moderne, adore la mettre en scène sous toutes ses formes. Ça va des vampires de Buffy aux zombies de The Walking Dead, des balades de rockstars disparus trop tôt aux crânes pailletées dans l'art contemporain. Et en tant que conseillère funéraire et fan de pop culture et geek, voilà, on va pas se le cacher, je ne pouvais pas rêver meilleur sujet pour marier mes deux passions. Enfin, mes trois, avec Taylor Swift. Alors, installez-vous confortablement, on embarque pour un voyage à travers la mort version pop culture.
Mais avant de vous en dire plus, je voulais vous remercier pour l'accueil que vous réservez à chacun de mes épisodes. J'aime lire vos jolis messages sur Instagram, ils me font chaud au cœur et me montrent à quel point j'ai raison d'ouvrir la parole sur ce sujet si tabou. Alors merci à vous, à toi, qui écoute cet épisode. Et pour me soutenir encore plus, n'hésitez pas à me mettre quelques petites étoiles sur votre plateforme d'écoute préférée. Parce que cette simple action montre aux plateformes que mon podcast plaît Oh ! Ça me remonte dans leur algorithme.
Maintenant que le message est passé, on va poser les bases. C'est quoi, au juste, la pop culture ? C'est grosso modo l'ensemble des idées pratiques et objets culturels, partagés par le plus grand nombre à un moment donné, et largement diffusés par les médias de masse. En gros, ce sont les séries télé, les films à grand succès, la musique populaire, les BD, les jeux vidéo, les modes, tout ce qui touche un large public. ett ce qui va forger notre imaginaire collectif au quotidien. Alors longtemps, on a opposé culture populaire et culture élitiste, comme si Shakespeare et Star Wars appartenaient à deux mondes hermétiques. Mais on est en 2025, et ces frontières sont floues. On va retrouver des super-héros dans des musées, dans des expositions, les romans classiques inspirent même les séries Netflix. La pop culture, c'est ce creuset commun où des millions de personnes puisent des références et des émotions communes. Et cette culture populaire, bah, qu'on la juge. parfois frivole ou commerciale, elle va influencer profondément nos façons de penser, y compris la mort. Parce que oui, même si la mort est un sujet tabou dans la vraie vie, surtout dans notre société occidentale moderne qui a tendance à la cacher, ou ne parlons pas de la mort, c'est contagieux, elle est omniprésente dans les fictions et les arts populaires. Alors, comment la mort est-elle représentée dans ces œuvres grand public ? Avec quelle évolution au fil du temps ? C'est ce qu'on va voir ensemble. Ah, je t'avais prévenu Micheline, c'est une passion !
On va d'abord parler de la représentation de la mort dans la culture populaire. Parce que oui, la mort fascine. Et ça ne date pas d'hier. Si on remonte très loin, les folklores et les contes populaires regorgent de squelettes dansants, tu vois où je veux en venir Micheline, la danse macabre, je dis ça parce que pour ceux qui ne me connaissent pas, je suis allée il y a deux semaines au congrès international des danses macabres, voilà, mais aussi ses contes populaires regorgent de fantômes vengeurs et de... personnification de la mort. Bah ouais, la mort, c'est cette grande faucheuse avec sa cape et sa faux qui apparaît déjà dans l'Europe médiévale. Mais nous, on va se concentrer sur l'ère moderne. Au 19e siècle et au début du 20e, la mort était partout dans la vie réelle. Bah ouais, la forte mortalité, les guerres, les épidémies... Mais paradoxalement, on commence à la dévoiler dans la sphère privée. Le deuil devient intime, on en vient même à prendre nos morts en photo. Et là, je t'invite à écouter mon épisode sur le sujet. Et dès la fin du 19e siècle, le théâtre du Grand Guignol à Paris va mettre en scène des morts horribles pour divertir les foules. Et puis vient le cinéma, les romans populaires qui vont s'emparer du macabre. Les premiers films d'horreur comme Nosferatu en 1922 ou alors Frankenstein en 1931 vont réjouir et effrayer le public avec des monstres et des morts spectaculaires. La mort va devenir alors un spectacle. Après la Seconde Guerre mondiale, la société occidentale entre dans le déni de la mort réelle, on va parler de la mort à l'hôpital, la mort Asseptisé, la mort cachée... Mais c'est aussi l'époque où la mort explose à l'écran. On voit des héros mourir de façon héroïque dans les films de guerre ou dans les mélodrames hollywoodiens. On lit des comics où les méchants tombent dans le vide à la fin de chaque épisode. Et plus tard, la télévision montrera chaque soir son lot de décès fictifs dans les feuilletons. La pop culture va créer un paradoxe. Alors qu'on repousse la mort réelle hors du champ du quotidien, Hein, rappelle-toi, non, on parle pas de la mort. c'est contagieux, on va la consommer abondamment sous forme d'histoire et d'images. Les morts fictives ou réelles deviennent même omniprésentes. Les philosophes et sociologues s'y sont intéressés. Par exemple, Roland Barthes, on ne sait pas dire le nom de famille de ce monsieur, il parlait de la télévision et des médias comme offrant l'image vivante d'une chose morte. Grâce aux images, les morts reviennent à la vie, en boucle, sur nos écrans. Parce qu'on peut voir et revoir un épisode. On va aussi penser aux stars disparues, parce que ces défunts-là, ils sont plus là, mais on va revoir leurs films, on va revoir leurs clips, indéfiniment. On a créé, selon ce monsieur, de véritables cadavres vivants médiatiques. Alors ok, c'est un peu glauque, dit comme ça, mais c'est pas faux. La technique nous permet de conserver une trace animée de personnes qui ne sont plus là. Aujourd'hui, avec Internet et les réseaux sociaux, effectivement, on a franchi un pas de plus. Nos profils numériques survivent à la mort, mais ça, ça fera l'objet. D'un, tu t'en doutes bien, d'un prochain épisode. Il existe aussi des pages commémoratives sur Facebook, des comptes Instagram figés qui sont devenus des mémoriaux, etc. Mais ça, ma petite Micheline, on en parle dans un prochain épisode. Mais tout ça fait que la frontière entre les vivants et les morts se brouille dans l'univers médiatique. Maintenant qu'on a ce contexte, et je t'avoue effectivement qu'il a été un peu long, et merci d'être ici, d'être encore là surtout, on va rentrer dans le vif du sujet. Je vais te proposer un petit tour d'horizon par médias des représentations de la mort dans la pop culture.
Comment les séries télé, le cinéma, la musique, la littérature, BD, les arts visuels et même les zombies, bah, méritent bien leur propre catégorie aussi, abordent notre destination finale. Tu le sens, le jeu de mots ? T'as la ref ? Oh, je suis fière. Allez, c'est parti pour le marathon macabre.
On va commencer par nos séries télé. Nos séries télé préférées. Elles nous font rire, frissonner et pleurer. Et elles nous confrontent souvent à la mort d'une manière ou d'une autre. On va partir d'une série fantastique comme Buffy contre les vampires. Tu te souviens ? La mort, elle est littéralement le quotidien de Buffy. Et d'accord, Buffy, elle va tuer des monstres à tour de bras, même qu'elle meurt à deux reprises. La première fois, j'en suis jamais remise. Bref, et elle revient à la vie. La série, elle a beau être remplie d'humour, d'adrénaline, elle offre aussi l'un des épisodes les plus poignants sur la mort qui soit de Buffy. Où Buffy découvre le corps de sa mère, morte, et doit faire face à l'absence brutale. La mort de Joy, elle a été quand même un peu traumatisante. Mais d'accord, allongée, sur le canapé, les yeux grands ouverts, désolé mais moi ça m'a traumé un petit peu. Cet épisode, qui est sans musique, on est bien d'accord, il n'y a aucune musique, il est d'un réalisme cru. Et il a marqué toute une génération de fans par sa justesse. Je peux vous dire que l'adolescente que j'étais à l'époque est restée pétrifiée devant son écran. Et que cette expérience a sûrement... contribué à mon envie plus tard de dédramatiser la mort dans mon métier. Alors, léger quand même. Mais j'ai quand même gardé ce souvenir de la mort de Joy. On peut dire aussi que Buffy nous a un peu préparé à affronter la perte réelle, la mort. Comme quoi, une série avec des vampires peut traiter de la mort de manière plus vraie que nature. Parce qu'on est bien d'accord que la mort de Buffy, où elle se jette dans le vide là-haut, en haut de la grue, machin, c'est pas très très réaliste. Mais à l'opposé, il y a une série animée, satirique, Les Simpsons, qui, depuis 1989, tourne la mort en dérision. Combien de fois Homer a frôlé la mort sans conséquence ? Vas-y, dis-le-moi en commentaire, parce que moi, perso, j'ai pas compté. Les Simpsons ont même fait apparaître la grande faucheuse en personnage comique. Dans un épisode spécial Halloween, Homer tue accidentellement la mort, et doit la remplacer temporairement, se promenant en cap noir avec une faux jusqu'à ce que les choses rentrent dans l'ordre. La série va jouer sur l'idée que dans un cartoon, la mort est réversible et sans gravité. On tue pour rire et tout le monde reparaît dans l'épisode suivant comme si de rien n'était. Sauf que quelques exceptions plus sérieuses, par exemple, on va reprendre la mort de Maud Flanders, la femme de Ned qui est tombée d'une tribune. C'est un rare décès qui est permanent dans la série, mais qui est traité avec un humour mélancolique. Alors globalement, les Simpsons vont nous montrer que même la mort peut devenir... un gag lorsqu'on la tient à distance. Et ouais, j'ai dit un gag, c'est un mot so années 80, mais moi je suis née dans les années 80. Bref, on va rire de la faucheuse pour exorciser la peur qu'elle nous fait. Et puis, entre ces deux extrêmes, il y a des séries plus grand public comme Game of Thrones, là on va pas compter les morts, bien évidemment, qui ont carrément bâti leur réputation sur l'omniprésence de la mort. Valar Morghulis, tout homme doit mourir. Pas moi qui le dit, c'est l'adage de Westeros. Rarement, une série aura autant choqué les spectateurs en éliminant sans pitié ses personnages principaux. Alors, si vous n'avez pas vu Game of Thrones, sachez juste qu'il vaut mieux ne pas trop s'attacher aux gentils. La mort, c'est un ressort dramatique majeur. Elle surprend, je vous jure qu'elle surprend, elle traumatise, je vous jure qu'elle traumatise, on se souvient tous des noces pourpres, on n'était pas prêts, et elle crée un climat d'insécurité totale. Je suis désolée, mais moi, le premier épisode de Game of Thrones où on pousse ce petit gamin... J'ai pas envie de spoiler, mais où on pousse ce petit gamin du haut d'une tour, déso, moi ça m'a bloqué un petit peu avant d'aller voir l'épisode 2. Bref. Mais pour le public, regarder Game of Thrones, c'était une leçon cruelle sur la mortalité. Même les héros peuvent y passer à tout moment. Et à sa façon, ce phénomène pop a forcé des millions de gens à intégrer l'idée que la mort fait partie du récit qu'elle peut freinper n'importe qui, n'importe quand, et surtout nos chouchous. On se rappelle les derniers épisodes, hein ? Je ne dirai qu'un mot, hold the door, j'ai pleuré comme une madeleine. Bref. Et puis Game of Thrones, les morts de Game of Thrones, ça a été des sujets de discussion autour de la machine à café. On commentait les morts de la veille comme on commenterait un match. C'est devenu un spectacle fédérateur. Un peu pervers peut-être, mais cathartique aussi. on partage ensemble la peine ou la stupeur et on continue malgré tout à regarder. Et puis, impossible de parler de séries et morts sans évoquer bien évidemment Six Feet Under, cette série dramatique américaine, moins connue du grand public, mais culte pour les aficionados, suit une famille de crocs morts à Los Angeles. Chaque épisode démarre par un décès. On voit la famille Fisher gérer les funérailles tout en naviguant dans leurs propres problèmes. Ici, la mort, c'est plus un choc ponctuel, c'est le fil rouge de toute la série, c'est la banalité. Six Feet Under nous confronte à l'aspect concret de la mort. Les corps, la cérémonie, l'enterrement. Mais surtout, ça va nous confronter à son impact émotionnel. Elle démystifie totalement le sujet avec une humanité et parfois un humour grinçant. D'ailleurs, la série est célèbre pour sa fin. Alors déso si vous ne l'avez pas vu, mais le dernier épisode montre le destin ultérieur de tous les personnages, y compris... leur propre mort à chacun. Rarement, la télévision avait osé rappeler aussi frontalement que tout le monde meurt un jour. En regardant Six Feet Under, on prend conscience que la mort fait partie intégrante de la vie de tous les jours. Cette série a certainement contribué à ouvrir le dialogue sur la mort auprès de son public en la montrant non pas comme un grand spectacle héroïque, mais comme une réalité intime, inévitable. Alors oui, les séries télé ont mille façons d'intégrer la faucheuse dans leur scénario. Seri ado Fantastique, je suis certaine que t'as une liste, mais voilà, hein. Chacun, chacune, reflète une facette de notre rapport à la mort. Tantôt, on la combat, tantôt, on va s'en moquer, tantôt, on en pleure, ou alors on l'accepte. Après avoir binge-watché tout ça, on se dit que la mort, bah, on commence à la connaître. Elle devient un peu plus familière, tout du moins derrière l'écran.
Et puis, on va parler du cinéma. On est d'accord, le cinéma, c'est une fabrique à émotions collectives. Les films cultes... ont offert des représentations de la mort qui restent gravées dans nos mémoires, parfois plus fortes que la réalité. Bah ouais, on va parler simplement le roi lion, voilà. Et ouais, je reviens à Disney. Mais on a probablement été beaucoup d'enfants traumatisés par la mort du père de Simba. Papa, réveille-toi ! Disney, à ce moment-là, a osé montrer la mort de Fron sans la masquer, et en a fait le point de bascule de toute l'histoire. Cette scène a appris à beaucoup d'enfants ce qu'était la perte et le chagrin. Dans le même registre... La maman de Bambi ? Voilà voilà, allez ! Ces films, pour enfants eux-mêmes, n'ont pas peur d'aborder la mort précisément parce que ce sont des récits initiatiques. Oui, le héros doit souvent faire face à la peur... pour grandir. Simba, Bambi, Nemo, pour ne citer que ça. Et puis, parle de psychose. Hitchcock, en 1960, qui a frappé très fort en son temps en tuant le personnage principal en plein milieu du film. Et ouais, de façon brutale et mémorable. La fameuse scène de la douche avec le violon strident de Bernard Herrmann qui va nous vriller dans les oreilles, vous l'entendez dans votre tête. Ce cri musical. C'est dire si la mort de Marion Crane, sous les coups de couteau de Norman Bates, a marqué la pop culture. Et même si vous ne connaissez pas ce film et que vous ne l'avez pas vu, vous avez l'image en tête. Et au-delà de l'effroi immédiat, Hitchcock a brisé une convention. Personne n'est en sécurité, même pas l'héroïne présentée depuis le début. Ça a ouvert la voie à tout un pan de cinéma où l'on zigouille... Oui, j'ai dit zigouiller aussi, hein, c'est un mot des années 80, 90. où on va tuer le protagoniste à tour de bras. Mais surtout, ça a montré que la mort pouvait être un choc narratif majeur. Et encore aujourd'hui, cette scène est analysée, parodiée, notamment par les Simpsons, et ouais, j'y reviens. Et donc ça, c'est la preuve de l'impact. La mort au cinéma, ça peut être un art du choc visuel et sonore. Ah ! Et on va parler de Titanic, et oui ! Non, je ne chanterai pas ! You're here ! Alors... Qui c'est qui n'a pas pleuré quand Rose lâche la main de Jack Frigorifié ? On le voit tous encore couler dans les eaux noires de l'Atlantique. Bon, on va pas revenir sur le fait qu'il y avait de la place pour deux et que l'autre là, elle était un peu égoïste, mais bon. Oui, on va parler d'un mélodrame de James Cameron qui fait partie totalement de la pop culture. Et ça a beau reconstituer un désastre historique ayant causé 1500 morts, qu'on va retenir tous. La seule chose qu'on va retenir à part le fait que le bateau se casse en deux, c'est la mort de Jack. Eh ouais, ce personnage fictif qui incarne la jeunesse et l'amour sacrifiés. Eh ouais, pendant trois heures, on sait pertinemment que le bateau va couler, on sait pertinemment que ça va mal finir, mais on a tous un petit espoir. Bah voilà, jusqu'à cette fichue planche de bois, eh ouais, sur laquelle il y avait clairement de la place pour deux. Hein Micheline ? On va pas me lancer sur le débat ? Je pense qu'on peut peut-être même pensé à faire un épisode sur y avait-il assez de place pour deux sur cette planche ? Mais bon, les scientifiques entre parenthèses de TikTok ont montré qu'on pouvait mettre déjà plusieurs chats dessus. Bref. Au final, Titanic a transformé une catastrophe en mythe romantique. La mort de Jack, magnifiée par la musique de Céline Dion, non je déconne, est devenue une sorte d'icône pop. D'ailleurs, la chanson, elle-même, est devenue un monument de la pop culture. On va la citer, la parodier... et on pleure encore la mort de Jack. Ce film va montrer comment Hollywood met en scène la mort pour nous faire ressentir une émotion collective. Des millions de spectateurs ont partagé ces larmes et quelque part, ils ont apprivoisé un peu la réalité de la mort, la perte d'un être cher, à travers cette tragédie. Alors, j'ai pleuré certes la mort de Jack, mais la mort dans ce film qui m'a le plus touchée, ce sont ces deux personnes âgées qui sont sur le lit et on voit l'eau arriver et les submerger. J'ai pleuré comme une madeleine. Allez, si on va aussi parler de Gladiator, qui va nous offrir un autre type de mort culte, celle du héros qui meurt en même temps qu'il triomphe. Alors je suis déso, je vous mets des petits spoilers si vous n'avez pas tout vu, mais crotte, on est. Oui j'ai dit crotte, on est en 2025, c'est des vieux films quand même, faut rattraper un peu votre culture. Bref, Maximus... joué par Russell Crowe, gagne son duel contre l'empereur Tyranny qui sauvera, puis s'effondre, blessé mortellement, et dans un dernier souffle, il revoit sa famille dans les champs de blé de l'au-delà, gnagnin. Voilà, c'est épique, c'est émouvant. La mort du protagoniste ici, elle est présentée comme une délivrance et une apothéose. Elle donne au film une dimension quasi-spirituelle, avec une belle musique de Hans Zimmer, bien sûr, Hans Zimmer qui va nous pondre énormément de musique culte. qui vont rester dans la pop culture aussi. Mais il n'y a pas que Gladiator. Il y a beaucoup de peplum ou de films héroïques qui jouent sur ce registre de la belle mort. Tony Stark, voilà, je ne dirais que ça. Le héros accomplit sa destinée en mourant, ce qui lui confère une aura encore plus légendaire. On va ressortir de là triste, mais étrangement exaltée. C'est un paradoxe que le cinéma s'est bien manié. Sublimer la mort pour la rendre acceptable, voire glorieuse. Comme on dit, à vaincre sans péril, on triomphe sans gloire. Et sans mort, parfois, l'histoire manque de grandeur. C'est un peu ce que le cinéma va nous inculquer. Et puis, je pourrais citer encore bien d'autres films cultes liés à la mort. On a Ghost, qui nous fait croire aux esprits par amour. il y a Coco aussi de Pixar qui va... plonger dans le folklore mexicain du Dia de los Muertos avec couleurs et chansons. Il y a, j'en ai parlé rapidement, Avengers and Games, point, je ne dirais que ça. Et puis, chaque genre a sa façon d'aborder la mort. L'horreur la rend terrifiante et graphique, le drame la rend larmoyante et inéluctable. Le thriller l'utilise pour choquer et la fantasy l'envisage comme un passage vers autre chose. En fin de compte, au cinéma, la mort, c'est un moteur d'émotions collectives dans une salle obscure et puis... On vit ensemble ces moments de perte ou de sacrifice, ça rassemble, parce qu'on va sursauter ensemble, on pleure ensemble. C'est presque un rituel moderne. Le film va nous faire affronter nos peurs de la mort, mais par procuration. Parce que quand les lumières vont se rallumer, on est soulagés, nous, d'être en vie. Un peu sonnés parfois, tristes d'avoir perdu un personnage, mais on est contents d'avoir partagé ça. La mort sur grand écran, c'est un grand ex-histoire, une façon de rendre regardable l'insupportable. Et puis, tout à l'heure, en fait, je vous ai pas parlé d'une mort, et là je m'en rends compte en parlant et je me dis... « Merde alors ! » Goku. On en parle de la mort de Goku, les gars ? Parce que Goku, il est mort combien de fois ? Il est revenu combien de fois ? Puisqu'on voit même le paradis, en plus. Si vous connaissez pas, c'est dans Dragon Ball Z. Voilà, le personnage principal meurt. Tout le monde meurt, en fait, là-dedans. Et tout le monde revient. Il y a une... Comment dire ? Quand on était enfant, la mort, elle était palpable parce que les gens revenaient.
À part le cinéma, on va parler musique. La musique, c'est un domaine où la mort occupe une place particulière. Et ce qui fait partie aussi de la pop culture. La musique populaire a chanté la mort, le deuil, la mémoire des disparus, à toutes les sauces. Elle a aussi créé des mythes autour des artistes morts, faisant d'eux des légendes intemporelles. Alors, on va d'abord parler des chansons, avant de parler des légendes intemporelles, parce que bon, en termes de légendes intemporelles, on a Marilyn, Michael Jackson, Elvis Presley, ils sont morts, mais non, ils sont pas morts, la théorie du complot, ça va rassembler aussi. la théorie du complot. Ça rassemble les gens de se dire non, il est pas mort, il y a une idée d'acceptation, de non-acceptation de la mort, de mythe, etc. Mais, les chansons en fait, qui parlent explicitement de la mort ou de la perte. On va parler par exemple de Tears in Heaven, d'Eric Clapton de 1992. Ouais, je suis vieille, je sais, j'assume. Qui évoque la douleur d'un père après la mort de son fils. En français, on a Jeanne, de Laurent Woulzy. Je t'avais prévenu Micheline, je suis vieille. Sur Jeanne d'Arc au bûcher. Ok, c'est historique, mais bon c'est joli Il y a Hexagon aussi de Renaud qui mentionne l'attentat de 1961. Alors c'est peut-être pas les plus connus, mais plus universellement, beaucoup d'artistes ont rendu hommage en musique à des proches disparus ou à des idoles. Il y a Queen aussi qui a chanté Who Wants To Live Forever dans Highlander. Highlander, la mortalité humaine face à l'immortel, le dernier survivant de sa caste parce qu'on coupe la tête, etc. C'était normal pour nous, rien ne nous choquait. Et combien de chansons parle d'un ami parti trop tôt, d'un amour perdu tragiquement. La musique, dans la pop culture, c'est un exutoire privilégié pour le deuil, mais du coup, cette chanson, elle va être à la mode. On va l'écouter en boucle. On va écouter la mort, forcément. Ou on va écouter une expérience de mort, puis on va la chanter. Et puis, ça va faire partie de notre vie. Là où la musique et la mort entretiennent une relation presque mystique, c'est, dans ce que je disais tout à l'heure, le culte des rockstars disparus. L'histoire de la pop est jalonnée de morts tragiques de musiciens, Il y a le club des 27 dont je parle dans un autre épisode, et je t'invite, si tu ne l'as pas écouté, à aller l'écouter. Donc on a toutes ces jeunes personnes qui sont frappées par l'imaginaire collectif, enfin, qui sont frappées par la mort, mais du coup, on essaie de leur inventer quelque chose, enfin voilà, une mort sympa, etc. On appelle ça le club des 27, parce que c'est une tragédie, ils avaient tous 27 ans, ils sont tous morts au tournant des années 70. rejoint plus tard par Kurt Cobain en 1994 ou Amy Winehouse en 2011. C'est des destins brisés qui ont contribué à forger le mythe de l'artiste maudit, consumé par sa propre intensité. Selon la chercheuse Daniela Pomarico, c'est à cette époque que Pop et Mort commencent à voyager sur des lignes parallèles. L'aura glamour et tourmentée de ces jeunes stars décédées a scellé le mariage entre musique et mort dans l'imaginaire collectif. Le décès va alimenter un véritable culte posthume. On voit en eux des icônes. des martyrs du rock et leur image continue de vivre bien après leur disparition. Par exemple, j'en parlais tout à l'heure, Elvis Presley, Michael Jackson, Tupac, Marilyn, on va parler vite de complot parce qu'on n'accepte pas leur mort. D'ailleurs, Tupac, qui a été tué lui en 1996, a fait son Retour sur une scène, en format holographique à Coachella, en 2012 devant des milliers de spectateurs, la technologie aujourd'hui peut littéralement ressusciter des artistes pour prolonger le show. Mais au-delà de ces résurrections numériques, l'industrie musicale aujourd'hui a bien compris le filon. Une star morte, c'est triste, humainement, mais paradoxalement, ça crée une légende qui peut rapporter gros. La preuve, le marketing n'hésite pas à recycler l'image de ces idoles disparues. Je vais pas donner d'exemple, mais toi-même tu sais. En résumé, là, la pop culture musicale, elle entretient avec la mort une relation d'amour et de haine. La mort fauche nos idoles et nous fait pleurer, mais en même temps, elle les fige dans la gloire et la jeunesse éternelles, et nous, on continue à faire vibrer leurs œuvres comme pour nier leur absence. Mais si ça nous aide à traverser nos propres deuils, en écoutant des chansons qui nous consolent et à garder vivant le souvenir des artistes qui nous ont touchés, est-ce qu'on peut vraiment le reprocher ?
Et puis, il y a un sujet dont j'ai envie de parler dans la pop culture, c'est la littérature. et la bande dessinée, qui regorge elle aussi de représentations originales de la mort. Dans ces médias, la mort, elle est souvent, voire carrément, un personnage à part entière, parfois effrayant, et parfois étonnamment sympathique. On va partir d'un exemple anglophone. Death, dans la série de comics Sandman, de Nell Gaiman, est vue comme une jeune femme gothique souriante, qui porte un pendentif en forme d'ancle, symbole de vie éternelle. Cette mort-là, elle est accueillante, presque chaleureuse. Son job, c'est de recueillir les âmes avec douceur. C'est un comble quand on pense à l'imagerie habituelle du squelette sinistre. Le personnage, il a eu un succès fou auprès des lecteurs, au point d'être devenu une icône de la pop culture comics. Dans un épisode, on la voit passer une journée entière à vivre la vie d'une mortelle pour mieux comprendre les humains. Cette approche humanisée de la faucheuse, c'était novateur à l'époque, et ça a contribué à dédramatiser la mort pour beaucoup de jeunes lecteurs dans les années 90. Parce que quand la mort elle-même est cool et compréhensive, on a moins peur de la rencontrer le moment venu, non ? Et côté BD, je ne peux pas ne pas parler d'un petit bijou. C'est La Petite Mort de Davy Mourier. Le premier tome est paru en 2013. Le prochain tome paraît bientôt. Le 22 octobre prochain. C'est l'histoire du fils de la grande faucheuse en personne, eh ouais. Le petit personnage s'appelle La Petite Mort. Il vit avec Papa Mort et Mama Mort dans une banlieue quelconque. Va à l'école, il a un petit chat. Son destin, c'est de succéder à Papa Mort. et de faucher des âmes. Sauf que, attention, la petite mort veut devenir floriste. Eh ouais. La BD va suivre les aventures de ce personnage, la petite mort, pleine d'humour, d'humour noir, de sarcasme, de jeux de mots macabres et de références geeks. Par exemple, la petite mort doit faire son stage de troisième en fauchant un premier humain. Alors pas facile quand tu veux devenir floriste. Un autre exemple, la petite mort va tomber amoureux d'une vivante, etc. C'est bourré d'humour très noir. mais aussi d'une vraie tendresse. Dévi Mourier, à travers cette oeuvre, va parodier notre société. La mort à une vie de famille et un boulot banal en fait. Et Dévi Mourier va désamorcer totalement le sujet de la mort en le rendant mignon et absurde. On va rire avec la mort, on va la trouver attachante aussi. Le succès a été tel qu'il y a eu plusieurs tomes. Le prochain, comme je le disais, sort le 22 octobre prochain. Il y a eu un dessin animé web et même un jeu de société La Petite Mort. Et il y a même eu un jeu sur... Euh... Apple Store, je crois, La Petite Mort. Ici, la pop culture va faire de la mort un personnage de fiction comme un autre qu'on peut aimer, détester, avec lequel on peut empathiser, en quelque sorte. Ça va rendre la mort beaucoup moins terrifiante et beaucoup moins abstraite. Et puis, la littérature plus classique n'est pas en reste. Dans le roman de Terry Pratchett, Le Disque Monde, la mort apparaît souvent. incarné en grand squelette à capes noires qui adore les chats et parle en majuscules. Il a même le droit à ses propres histoires où il prend des vacances ou élève sa fille adoptive. Terry Pratchett va en faire un personnage comique et philosophe à la fois, là encore pour montrer que la mort fait tellement partie de la vie qu'on peut la mettre en scène comme n'importe quel protagoniste. Et puis, je vais citer la saga Harry Potter. Alors, je suis au fait que Madame J.K. Rowling, elle est dans la sauce depuis bien des années. Mais n'empêche que Harry Potter, c'est quand même... un très bon roman pour les enfants, etc. dans la jeunesse, etc. Mais Harry Potter, cette saga est obsédée par la mort du début à la fin. De nombreux personnages meurent tout au long des tomes. La mort, c'est un thème littéraire par excellence, dans Harry Potter. On va perdre des êtres aimés, on va pleurer. Je ne spoile pas pour les gens qui n'ont pas encore lu ou encore vu Harry Potter, mais on est en 2025, alors réveille-toi et cours, vas-y ! Voilà. On trouve même une fable dans Beedle le barde, où trois frères croisent la mort personnifiée et essaient de la duper. Signe que même dans ce monde magique, la mort a son rôle de personnage de conte. Ce qui est frappant, c'est que la pop culture littéraire et BD joue souvent la carte de la personnification. On donne un visage à la mort. On lui invente une personnalité de grande faucheuse. On va lui donner des états d'âme. Ça va la rendre narrative, apprivoisable. Que ce soit la petite faucheuse apprentie de Davy Mourier ou la grande sœur goth de Neil Gayman, on est loin de l'allégorie effrayante médiévale. C'est un moyen, consciemment ou non, de reprendre le pouvoir sur la mort. Si on peut la représenter, la caricaturer, la tourner en dérision, alors elle va devenir un concept avec lequel on peut interagir, et plus seulement cette abstraction qui va nous faire peur. Alors bien sûr, tout n'est pas édulcoré, de nombreux romans graphiques ou romans tout courts abordent la mort de façon brutale ou réaliste. Je pense notamment au manga Death Note, où un carnet magique provoque la mort de quiconque y est nommé, soulevant beaucoup de questions morales.
Et puis, je sais, cet épisode est long, mais il y a tellement à dire. Promis, il reste deux choses à dire sur la mort dans la pop culture, parce que là, maintenant, j'ai pas parlé d'art contemporain. L'art visuel, hein. Eh bien, on va montrer la mort comme un motif récurrent, parfois provocateur. Là, on va quitter un peu la sphère populaire à proprement parler pour flirter avec l'art qu'on va dire cultivé. La représentation de la mort dans l'art ça date pas d'hier. On a les vanités du 17e siècle avec leurs crânes et sabliers qui rappelait déjà que le memento mourit. N'oublie pas que tu vas mourir. Mais ce qui est intéressant c'est comment l'imagerie de la mort a été recyclée dans la culture visuelle contemporaine, parfois jusqu'à devenir de véritables objets pop. Beaucoup d'artistes contemporains vont jouer avec des symboles funéraires. Je pense notamment à Andy Warhol, qui, dans les années 60 déjà, sérigraphiait des images de crash de voiture ou de chaise électrique, ce qui a confronté le public à la mortalité de façon brute, dans sa série Death and Disaster. Il y a aussi des démarches artistiques plus conceptuelles autour de la mort, par exemple l'artiste Gunther von Hagens, certes plus anatomiste qu'artiste, mais son expo Body Worlds a fait le tour du monde. Il a plastiné de vrais cadavres humains, pour les exposer dans des poses variées, ce qui a confronté directement le public à la matérialité de la mort. Là, on est passé vraiment sur le corps humain, sur la visibilité de la mort. Ça a eu un succès populaire énorme. On va aussi pouvoir citer la photographe Nan Goldin, qui a documenté la fin de vie de ses amis victimes du sida dans les années 90, ou plus récemment des artistes qui utilisent leur propre corps vieillissant ou mourant pour monter... que la mort l'arrive petit à petit. Notamment Marina Abramovic qui a évoqué vouloir faire de sa mort sa dernière performance d'art. Mais on va rester dans la pop culture. Un phénomène intéressant c'est la popularisation des esthétiques issues de rituels mortuaires traditionnels. Eh ouais la fête mexicaine du día de los muertos par exemple avec ses têtes de morts en sucre coloré, ses squelettes festifs, ça a été adopté internationalement en fête les morts. Nous, en France, on connaît la Toussaint, mais cette fête a été popularisé dans des films, comme par exemple à Coco. Et ça va inspirer des tas d'installations artistiques aussi. Donc là, la mort arrive d'un autre pays, en fait, d'une autre culture, d'un autre rituel, mais fait partie intégrante de la pop culture. Ces dernières années, l'art collectif va se réapproprier les symboles de la mort pour en faire un événement festif, presque ludique, puisqu'on va retrouver la mort dans les expositions. La mort, eh bien, là, elle sort du cimetière pour rentrer au musée, ou en place publique, sous forme de spectacle culturel aussi. Et puis, l'art contemporain, pop autour de la mort, c'est aussi toute cette esthétique un peu gore fun dans les jeux vidéo, dans les clips aussi. Mais je vais pas trop diverger. Disons qu'entre les mains des artistes d'aujourd'hui, la mort, elle est souvent désacralisée. On va la transformer en objet décoratif, en performance, en imagerie cool ou en imagerie choc. Mais à tout ça, on peut voir le bon côté. En intégrant des symboles de la mort dans notre quotidien visuel, on va apprivoiser inconsciemment l'idée de notre mortalité. La preuve, je suis en train de vous parler de tout ça dans Beyond the Veil.
Allez, on va parler de nos zombies favoris. Bah ouais, je ne pouvais pas ne pas parler de la mort dans la pop culture sans parler de zombies. C'est le monstre capitaliste de notre époque. Eh ouais, capitaliste, ma brave Micheline. Je pouvais pas conclure cette exploration sans faire un sort particulier à nos chers morts vivants. Et puis, s'il y a bien une créature qui symbolise la pop culture récente, c'est le zombie. Depuis les années 2000, on en voit partout. C'est une véritable invasion. Dans les films, les séries, les jeux vidéo, les comics, les romans, les zombies sont dans notre imaginaire collectif. Il y a même un guide de survie en territoire zombie, des jeux de plateau zombies. Mais qu'est ce que le zombie représente exactement ? Ouais je sais Micheline, je suis en train de te casser ta vibe sur le zombie. Les spécialistes se sont penchés sur la question et proposent une lecture intéressante. Le zombie serait le monstre emblématique du capitalisme tardi. Rien que ça ! Qu'est-ce que ça veut dire ? Bah ça veut dire que chaque époque a ses monstres qui incarnent ses peurs profondes. Au Moyen-Âge, on avait peur des démons et des sorcières, peur religieuse, peur de l'inconnu. Au XIXe, avec la science qui avance, on va voir émerger le mythe de Frankenstein, monstre créé par l'humain, peur de la science dévoyée, du progrès incontrôlé. Au cœur de la guerre froide, on a les invasions extraterrestres dans les films de science-fiction. Et à la fin du XXe siècle, qui débarquent ? Les zombies, qui ont été popularisés par George Romero dans La Nuit des Morts-Vivants en 1968, un film qui est sorti en pleine période de contestation sociale et de consumérisme galopant. Et ouais ma brave Micheline, là on est sur un autre level. Le réalisateur... Il disait que ces zombies, c'était une satire des consommateurs hypnotisés errants dans les temples de la consommation. C'est pas un hasard si les zombies vont toujours par ordre, sans conscience individuelle, poussés par une seule obsession, manger, en l'occurrence des cerveaux. Ça fait écho aux craintes d'une société où l'individu est déshumanisé, où on avance bêtement en foule, où on consomme sans réfléchir. Le zombie, c'est également une créature fétiche de l'époque obsédée par l'apocalypse. On est bien d'accord. Apocalypse, zombie. Fin du monde, zombie. On va pas reparler, enfin si, on va en reparler, hein, le dernier pub avant la fin du monde, voilà voilà. Ou Ash vs Zombies, Bienvenue à Zombieland, etc. etc. Un film que j'adore d'ailleurs, bref. Derrière la mode zombie, il y a la peur de l'effondrement social, il y a la peur des pandémies incontrôlables. Tiens, après deux ans de Covid, on la sent bien cette angoisse-là, hein, pas vrai ? D'ailleurs, on se disait que si on était vacciné, on allait se transformer en zombie. Tu te l'es pas posé, toi, cette question ? Mais ça pose aussi la question de notre humanité face à la mort de masse. Les récits de zombies posent souvent la question, que restait-il d'humain en nous quand on est cerné par la mort ambulante ? Est-ce qu'on s'entraide ? Est-ce qu'on devient nous-mêmes des morts vivants au sens moral ? C'est-à-dire des êtres sans embattie, juste en survie ? Ces questions vont refléter beaucoup de nos angoisses contemporaines. La peur de l'autre, le zombie c'est souvent l'ancien voisin que t'aimais pas mais que t'aimes bien défoncer. Voilà. La peur aussi de la contagion, la peur de l'effondrement des valeurs civilisées. Ce qui est fascinant, c'est que le zombie a vraiment... envahit la pop culture mainstream. Par exemple, on va parler de The Walking Dead, ou alors Shun of the Dead, World War Z, ou encore Thriller, le clip de Michael Jackson, les romans, World War Z, le livre, Cellulaire de Stephen King, les jeux vidéo. Et puis il y a eu un temps où on a eu des zombies walk dans des villes. On a adopté le zombie comme un symbole, et parfois même sans y penser. Le zombie renverse totalement le tabou de la mort. Il montre le corps dans son état le plus dégradé, putréfié j'ai envie de te dire. C'est la mort non plus apaisée et embellie, comme on peut la voir à la télé ou le défunt est tout propre dans le cercueil, mais c'est une mort crue, dynamique, qui refuse de rester dans le tombeau. C'est la transgression ultime, c'est le mort qui se lève. Qui n'a pas fait de cauchemar de proches décédés qui reviennent frapper à ta porte ? Salut, tu me devais 300 balles ! Non, je déconne. Le zombie, t'imagines un zombie qui dit pas « brain » mais qui dit « 300 euros » . Enfin bref. Le zombie matérialise cette angoisse profonde mais la pop culture la rejoue en boucle jusqu'à ce qu'on en ait plus peur. Ou du moins qu'on y prenne un étrange plaisir. En fait la figure du zombie va montrer à quel point la pop culture peut réinventer la mort. On a pris un vieux mythe vaudou et on l'a adapté à nos névroses modernes. Parce qu'il est plus facile d'imaginer la fin du monde avec des zombies que d'imaginer la fin du capitalisme en fait. Je t'avais dit Micheline qu'on partait un peu loin. En gros on va extérioriser nos anxiétés sociales dans ces fictions plutôt que d'affronter la réalité. Ça va, t'es encore là ? T'as suivi un peu ? Je t'ai pas perdu ?
Après ce tour d'horizon macabre à travers les médias, on va se poser un petit peu. Parce que qu'est-ce que ça révèle de notre rapport collectif à la mort ? Qu'est-ce que disent de nous Buffy, Game of Thrones, le Roi Lion, Elvis, les zombies ? Ça va révéler plusieurs choses. D'abord, une fascination ambivalente. On est à la fois terrifié par la mort, mais également attiré lorsque c'est une histoire. La pop culture, en fait, c'est un exutoire qui nous permet de regarder la mort en face, mais à distance aussi, pas trop près, à travers la fiction ou l'art. La pop culture, c'est rendre regardable l'insupportable. On arrive à poser les yeux sur ce qu'on ne supporte pas dans la réalité. Il y a aussi un risque de banalisation aussi, parce qu'à force de voir des meurtres dans chaque épisode de séries policières, des explosions qui tuent sans figurant dans chaque film d'action, on va penser à Marvel notamment, on peut se demander, est-ce qu'on ne devient pas insensible ? Est-ce que la pop culture, en multipliant les morts fictives, peut créer une forme d'anesthésie à cette mort. Alors j'ai envie de te dire non, mais peut-être chez certaines personnes. On va consommer la violence, et puis on va consommer la mort aussi simulée comme un spectacle. On va vendre du jouet de zombie aux enfants, notamment en période d'Halloween aussi. La mort, elle va devenir un produit culturel entre hommage et marketing. Et puis aussi, dans la pop culture, la mort c'est un besoin rituel. On sent aussi que la société cherche de nouveaux rites funéraires à sa façon. Autrefois, la religion structurait le rapport à la mort avec des cérémonies, des croyances sur l'au-delà. Dans une société plus laïque, la pop culture va offrir des substituts. Je pense notamment au mémorial de Ian To Jones, ce personnage fictif de Torchwood, pour lequel on a créé un mémorial à Cardiff, sur le lieu même où il est décédé, dans l'épisode, fictivement. On va se rassembler pour pleurer virtuellement un personnage fictif. On va allumer des bougies, on va chanter des chansons, mais on va faire pareil pour un chanteur qui a disparu aussi. La mort dans la pop culture va rassembler, on va porter des symboles, des t-shirts, on va acheter des posters. Il y a des fans aussi qui vont continuer à écrire des fictions sur un personnage mort dans une série, ou qui vont déposer des fleurs, comme je le disais, devant la tombe de tel ou tel acteur. Ça peut aussi ressembler à un culte, ça je suis d'accord. Mais la post-culture, c'est un culte. La pop culture va permettre un culte, quand je vais dire néo-païen, des morts modernes. Alors, les nouveaux dieux vont s'appeler Elvis, Leïa, Freddie Mercury, et nos hôtels sur nos étagères, ça va être nos DVD, nos playlists Spotify, les figurines que l'on va acheter. Il y a dedans quelque chose de consolant, parce qu'on va pas laisser nos idoles mourir. Mais surtout, la manière dont la mort est dépeinte dans la pop culture reflète aussi les évolutions de nos valeurs sociales. Par exemple, la mort d'un méchant dans un film des années 50 était souvent expéditive. et mérité. Ça donnait une vision morale très binaire. Les bons survivent et les mauvais, eux, ils meurent. Mais dans les oeuvres actuelles, les gentils meurent aussi, les méchants survivent. On va explorer l'injustice et l'absurdité, comme dans Game of Thrones ou bien dans des films d'horreur où c'est vraiment la loterie. Mais en fin de compte, ce que tout cela dit de nous, c'est qu'on a besoin de raconter la mort pour la comprendre et l'apprivoiser. Même quand on la refoule au quotidien, on n'ose pas trop en parler entre nous ou de peur d'être morbide ou d'angoisser, mais on va la mettre en récit. On va en parler dans un bar, autour de la machine à café. On va chanter la mort, on va la filmer. La mort, en fait, va hanter nos imaginaires et la pop culture va lui offrir des scénarios pour exister symboliquement. On arrive au bout de ce voyage au pays des morts version pop culture. J'espère que ça n'a pas été trop macabre et que, comme moi, tu y as trouvé une matière à réfléchir et peut-être même à sourire. Et puis que ça t'a débloqué énormément de souvenirs. N'hésite pas surtout à me laisser en commentaire les souvenirs que tu as de ces morts dans les séries, etc. Des morts qui t'ont marqué. Et puis, je vais terminer sur une note un peu plus personnelle. Quelle mort pop m'a le plus marqué ? Moi. Alors, moi je vais simplement vous dire que c'est la mort de Amy dans Doctor Who Alors Amy elle est pas vraiment morte en fait, enfin si mais elle meurt après Bref, c'est le départ de Amy dans Doctor Who qui m'a le plus traumatisée Je ne m'en remets toujours pas, voilà Si vous n'avez pas la ref, si vous avez la ref, je suis désolée
Et vous mes petits soleils, quelle oeuvre populaire a marqué votre rapport à la mort ? Est-ce que c'est une scène de film qui vous a traumatisé enfant ? Une chanson ? Une série télévisée ? Un dessin animé ? Un livre ? Dites-le moi en commentaire. Ou alors, un jeu vidéo ? Dites-le moi en commentaire.
Merci d'avoir écouté Beyond the Veil. Merci d'être resté jusqu'au bout de cet épisode spécial mort et pop culture. J'espère que cette plongée funèbre vous aura donné envie de revoir Six Feet Under ou de réécouter votre album favori d'une star disparue avec un regard neuf. N'hésitez pas à liker, partager cet épisode s'il vous a intéressé et à laisser un petit mot. Promis, j'ai lit tous. Cet épisode est un épisode en deux parties. La seconde partie sortira le 22 octobre pour un épisode très spécial. A bientôt !