EP9 - Conseiller funéraire : formation, réalité et vérité sur un métier essentiel

Comment parler de la mort aux enfants
 

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RÉSUMÉ DE L’ÉPISODE:


Conseillère funéraire : réalité d’un métier au cœur du deuil

Et si accompagner la mort au quotidien révélait un métier bien plus humain qu’on ne l’imagine ? Et si derrière chaque cérémonie se cachait une conseillère funéraire, chef d’orchestre invisible d’un moment unique ?

Dans cet épisode de Beyond the Veil, Virginie partage son expérience personnelle et professionnelle : de sa formation en 2019, en plein Covid, jusqu’à ses premières obsèques. Elle raconte les pré-requis psychologiques, l’importance du CGCT – véritable bible du funéraire –, les astreintes, mais aussi les anecdotes de terrain, parfois drôles, parfois bouleversantes.

Pourquoi choisir ce métier ? Quelles qualités faut-il vraiment pour accompagner les familles ? Et comment trouver sa place face aux corps, aux émotions et aux imprévus ?

Entre témoignage, coulisses et réflexion, Virginie t’invite à découvrir la vérité derrière le métier de conseillère funéraire, un rôle essentiel pour aider les vivants à traverser la mort.

Un épisode pour toutes celles et ceux qui veulent comprendre la réalité des métiers du funéraire et découvrir ce que signifie vraiment accompagner les familles endeuillées.

Pour aller plus loin dans l'épisode :

 

RETRANSCRIPTION:

Vous écoutez Beyond the Veil, le podcast qui va vous réconcilier avec la mort. Ce podcast vous est présenté par Virginie, moi, conseillère funéraire de formation et passionnée par ce sujet si tabou encore en 2025. Ce podcast traite d'un sujet sensible et n'est ni une apologie, ni une façon de le banaliser. 

En France, en 2024, il y a eu 646 000 décès, plus 1,1% de 2023. L'espérance de vie est de 85,6 ans. pour les femmes et de 80 ans pour les hommes. Lorsqu'il y a un décès, les délais légaux sont que depuis 2024, l'inhumation et la crémation doivent avoir lieu au minimum 24 heures et au maximum 14 jours calendaires après le décès, en métropole. Des dérogations peuvent porter le délai jusqu'à 21 jours dans certains cas, par exemple pour causes sanitaires, logistiques ou encore judiciaires. Et pour tout ça, il y a un métier, le métier de conseiller funéraire. 


Hello mes p'tits soleils et bienvenue dans Beyond the Veil. Aujourd'hui, on va parler d'un métier qui fait souvent peur, mais qui est profondément humain, le métier de conseiller funéraire. Je vais vous raconter ma formation, mes premiers obsèques, la réalité du terrain, des astreintes aux anecdotes parfois cocasses, parfois difficiles aussi, mais aussi ce que j'ai aimé, ce qui m'a pesé et pourquoi j'ai fini par arrêter. Ça va être un épisode intime, à peine monté. Vous entendrez peut-être mes respirations, mais c'est un épisode pour comprendre de l'intérieur ce rôle essentiel. 


Alors on va commencer par pourquoi je suis devenue conseillère funéraire. Et bien parce qu'en 2013, quand ma maman est décédée, l'accompagnement n'a pas été à la hauteur. Juste un exemple, la personne qui nous a reçus nous a mis au milieu des cercueils et nous a dit « allez-y, choisissez » . Voilà. Et ça, ce n'est qu'un exemple. Et de là, je me suis dit, jamais une autre famille ne doit vivre ça. Mais il faut aussi savoir que depuis petite, j'ai une fascination pour le spirituel, pour la mort. Alors en 2019, en plein Covid, après avoir perdu mon emploi dans le tourisme, j'ai décidé de me réinventer. Ma région a financé ma formation. En fait, je suis allée voir ma conseillère par emploi et je lui ai dit, bonjour, je veux être conseillère funéraire et c'est non négociable. Je suis passée de demandeuse d'emploi à conseillère funéraire. Mais avant tout Avant que je vous parle en fait des détails du métier, il faut prendre en compte surtout, et il faut comprendre que ce métier demande tout d'abord de la stabilité émotionnelle et une hygiène personnelle assez... comment vous dire ? En gros, il faut être propre quoi ! Il faut savoir accueillir la peine sans l'absorber déjà, parce que la tristesse des familles n'est pas la vôtre. Il faut aussi savoir poser ses limites, il faut débriefer avec son équipe, et ne pas hésiter à demander de l'aide. Mais il faut être aussi propre sur soi, savoir s'habiller en conséquence, alors on peut s'habiller en noir, ou pas spécifiquement, après tout dépend de votre employeur et de ce qu'il demande. Mais voilà, il faut aussi avoir les doigts propres, etc. parce qu'une famille en deuil, même si elle en deuil, elle voit en fait votre état de propreté. Et puis de base, c'est la base. Il faut aussi avoir une communication claire et douce. Il faut dire le vrai, simplement, dans le respect des croyances et des besoins. quand on... Par exemple, un conseiller funéraire va vendre un soin de conservation, il ne va pas dire, en fait, il faut faire un soin de conservation, sinon le corps, il va s'abîmer. Enfin, il va s'abîmer. Il va rentrer en état de décomposition. Non, on dit aux familles que le soin de conservation, ça va préserver le corps, ça ne va pas le figer, mais ça va ralentir la dégradation du corps. Ça va éviter au corps de s'abîmer trop vite. Et donc, le corps, lui, va être beaucoup plus présentable. Et vous voyez là la différence ? Elle est dans le discours, dans les mots, en fait, que vous employez. Et puis aussi, il faut avoir de la rigueur et du sang-froid. Dans les dossiers, dans les délais, les signatures, les autorisations. Il ne faut pas oublier les autorisations. Il y a un processus aussi, il y a un ordre aussi, dans les documents assignés, etc. Et aussi, c'est le moindre détail. Il faut avoir ce souci du détail, parce que ce sont ces derniers détails qui vont tout faire en fait, qui vont faire que le vivant va rendre un bel hommage à son défunt. Et puis aussi, il ne faut pas avoir peur. Il ne faut pas avoir peur du corps mort, il ne faut pas avoir peur des odeurs, des blessures, de voir un corps d'enfant. Et puis surtout, il ne faut pas avoir peur de voir des familles en état émotionnel extrême, des familles choquées, qui ne comprennent pas, des familles en colère. Parfois dans un bureau, vous pouvez avoir des familles qui règlent leur compte devant vous, ou alors une famille qui va mal vous parler parce qu'elle est en colère, parce qu'elle ne comprend pas, parce que vous n'êtes pas un médecin, vous êtes la première personne humaine, en fait j'ai envie de dire, qui n'est pas dans cette routine médicale, ou alors une routine policière, à qui ils vont pouvoir parler, avec qui ils vont pouvoir se poser et réaliser que la personne à qui ils tenaient est décédée. Et donc, il faut aussi avoir, en fait, ne pas avoir peur de ça, ne pas avoir peur aussi de dire aux familles, stop, arrêtez de vous disputer, on est là pour organiser les obsèques. Voilà, il faut avoir beaucoup de recul. Pareil, les corps morts, tous les corps, on va dire que tous les défunts ne décèdent pas dans leur sommeil en EHPAD. Tous les corps ne sont pas beaux à voir. un défunt qu'on va aller chercher 48 heures après, forcément, il ne va pas être très beau. Il va être malodorant aussi. Il y a des décès qui vont marquer plus que d'autres. Et donc, il faut prendre du recul par rapport à tout ça. Ensuite, il y a eu un blanc, désolé. Ensuite, il faut être disponible et être mobile. Le permis B est généralement requis pour se déplacer dans les cimetières, au crématorium. Dans les familles aussi, puisqu'il y a des familles qui ne peuvent pas se déplacer, ou des familles qui vont simplement demander à ce que le corps soit remis, dans la mesure du possible, présenté chez eux. Donc là, dans ces cas-là, il y a des conditions qui s'appliquent, qu'on explique aux familles. Et donc le conseiller funéraire, lui, est amené à se déplacer et à vérifier l'état du corps aussi régulièrement chez les personnes. Et puis, il faut aussi avoir l'esprit d'équipe. Et ça, c'est le plus important, parce qu'on ne tient pas seul. Il faut savoir débriefer, rire avec ses collègues. Avoir une bonne ambiance de travail, c'est vraiment ce qui est important pour tenir. Et puis, si vous en ressentez le besoin, aussi dans les prérequis, il y a aussi le soutien psychologique. Effectivement, vous pouvez aussi avoir besoin d'un soutien psychologique, parce que ce que vous voyez n'est pas toujours beau. Pour ma part, j'ai suivi ma formation chez UDIF, formation, qui aujourd'hui s'appelle Parcours F. Et j'en suis sortie majeure de promo. La passion coule dans mes veines. Le diplôme, c'est 140 heures de théorie et 140 heures de stage pratique et un examen écrit et un oral. Mais surtout, il faut connaître le CGCT, le Code Général des Collectivités... Pardon ? Le Code Général des Collectivités Territoriales, parce que c'est la bible du conseiller funéraire. Il va fixer les délais, les règles, les responsabilités. Il change régulièrement, donc il faut être à jour tout le temps. En France, le diplôme de conseiller funéraire est donc, comme je le disais, comprend une formation théorique et sans caractère de pratique en entreprise, en régie ou en association habilité. Vous avez une épreuve écrite et une épreuve orale devant une commission. En gros, c'est une mise en situation et les personnes que vous avez face à vous vous posent des questions. Et donc, ils vont juger votre tenue, vos réponses, votre sang froid, etc. Et il faut savoir juste que le contenu va couvrir la réglementation, la psychologie du deuil, les rites, la relation commerciale aussi, parce que c'est ce qu'on apprend aussi. Vendre un contrat, ça s'apprend, parce que le conseiller funéraire ne fait pas que accueillir les familles, il vend aussi les contrats. Vous avez potentiellement aussi des objectifs de vente sur une vente de contrat obsèques que vous pouvez vendre. Vous êtes là pour renseigner aussi les personnes. Vous ne faites pas de démarchage, mais les personnes qui sont là, elles viennent se renseigner. Donc, le but quand même, c'est aussi de leur vendre un contrat obsèque ou alors qu'elles posent leur volonté auprès de vous. Parce que oui, comme j'expliquais dans un épisode précédent, sur organiser ses obsèques, vous avez la possibilité non pas de prendre un contrat obsèque, mais simplement de déposer vos souhaits. auprès d'une pompe funèbre. Et du coup, le métier, c'est accueillir et écouter. C'est expliquer la loi et les délais. C'est aussi bâtir un devis transparent, coordonner la logistique, la cérémonie, les intervenants, comme le maître de cérémonie, les porteurs, le crématorium, le cimetière, la marbrerie, qui va arriver après en fait, le cimetière. Il faut appeler la personne parce que les prêtres, ils n'ont pas le téléphone portable pour la plupart. Donc il va falloir appeler l'association qui gère l'église. Ensuite, l'association vous rappelle pour vous dire si oui ou non, votre date est disponible. Donc en gros, vous retenez toujours votre souffle pour savoir si tout ce que vous aviez préparé avant, parce qu'entre deux, vous avez quand même appelé le crématorium ou appelé le cimetière, mais si vous n'avez pas l'église, si la personne décide. d'une cérémonie religieuse, si vous n'avez pas l'église, vous devez tout refaire. Voilà, donc il y a aussi toutes ces contraintes d'organisation qu'il faut aussi prendre en compte si vous voulez être conseiller funéraire. Parce qu'un conseiller funéraire, c'est un chef d'orchestre. C'est le chef d'orchestre du moment unique, souvent sous pression de temps, d'émotions, de contraintes très concrètes aussi, transport, créneau de crémation, la musique qui est introuvable à la dernière minute. Donc les conseillers funéraires, eux, ont toujours des petits tips aussi au cas où la musique ne passerait pas. Mais en gros, le conseiller funéraire, c'est un peu comme un organisateur de mariage, sauf qu'il organise des obsèques. Il a exactement la même rigueur, le même accompagnement et le même service aux familles. Parce que c'est ça en fait, c'est servir les familles pour honorer le défunt. Et puis vous avez la période de stage. Et je vais vous raconter ma période de stage et mes premières expériences. C'est, comme on dit, les anecdotes de Tata Micheline. J'ai fait mon stage dans une grande enseigne de pompes funèbres de la métropole lilloise. C'était surtout de l'observation, mais aussi la gestion d'une maison funéraire. Et là, j'ai eu le déclic. Veiller sur les corps, vérifier qu'ils allaient bien, qu'ils n'avaient pas bougé. J'ai compris que ce métier était fait pour moi, à ce moment-là. Et puis, les anecdotes, j'en ai des tonnes en fait. Alors je vais vous en dire quelques-unes par... Aussi par respect pour les familles. La plus drôle de toutes, c'est que j'étais à une cérémonie et j'ai aidé les porteurs. C'était pendant ma période de stage. Et j'ai aidé les porteurs à placer le cercueil. Moi, je tournais le dos à l'hôtel. Puis au bout d'un moment, la fille du défunt arrive vers moi et me dit en colère, il y a une bouteille de whisky vide sur l'hôtel. Je lui dis mais pardon. Et là, je me retourne et je vois quoi ? Une bouteille de whisky vide sur l'hôtel. Alors ni deux, j'ai improvisé, je me suis avancée comme si je remettais les fleurs, et puis voilà, discrètement, j'embarquais la bouteille. Du coup, j'ai été la mettre là où le prêtre... Enfin voilà, j'ai été la ranger. Mon maître de cérémonie qui me dit, mais non, mais t'as pas le droit de toucher à ça. Je me suis dit, mais... Enfin, si, on laisse pas une bouteille de whisky comme ça. Et donc une fois rentrée, je le dis à ma maître de stage qui... appelle la personne qui s'occupe de l'église, du ménage, etc. et qui lui a juste répondu ah bah oui, c'est le prêtre en fait. C'est quand on a fait le ménage, on a oublié de l'arranger parce que le prêtre en fait, il faut le savoir, ce prêtre, remplaçait le vin de messe par du whisky. Voilà. Je ne dirai pas où, je ne dirai rien, mais voilà. Et puis après, il y a la moindre rôle aussi. Il y a un corps sorti d'IML d'une personne qui s'était immolé dans sa voiture. Il faut savoir que moi, j'ai fait mon stage au mois de juillet et que la personne s'est immolé au mois de mai. Et il faut savoir que de mai à juillet, elle est restée en institut médico-légal. Alors, je ne vous raconte pas l'odeur quand la personne est arrivée. Et puis l'état du corps aussi, forcément. Donc là, dans ces cas-là, qu'est-ce qu'on fait ? Eh bien, on laisse le corps dans la housse. On met ce qu'on appelle de l'ardole. Donc, c'est une poudre, en fait, qui va absorber l'odeur. On peut en mettre dans la housse et aussi dans le cercueil. On a placé la housse dans le cercueil. On a fermé le cercueil. Et à ce moment-là, on a placé la photo au-dessus pour que la famille puisse venir se recueillir sur le cercueil fermé. Mais ça va, l'odeur, j'ai supporté. Si vous vous posez la question... Non, ce n'est pas supportable comme odeur, mais à ce moment-là, je ne sais pas, mon cerveau a eu un déclic et s'est dit « tiens, je la connais cette odeur » . Et après, c'est un peu plus supportable. Mais bon, après, j'ai envie de vous dire, quand vous êtes dans le métier, quand vous êtes dans le vif du truc, vous n'avez absolument pas le temps de réfléchir à ce que vous voyez. Voilà, c'est votre métier en fait, vous vous dites « ben voilà, je dois m'occuper de ce corps » . on va ouvrir la housse, on va aller placer le corps qui a reçu un soin par le thanatopracteur, on va aller le placer en salon, on va aller vérifier que le corps ne bouge pas, à mince, le défunt fait un tissu gaz, ça sent très mauvais dans le salon, on va rappeler le thanatopracteur, à mince, le corps du défunt est en train de s'abîmer, vite appelons la famille pour qu'elle vienne se recueillir une dernière fois avant qu'on ferme le cercueil. Enfin voilà, on n'a absolument pas le temps de réfléchir. Alors après, on débriefe avec les collègues sur ce qu'on a vu, sur ce qui nous a le plus choqués, etc. Mais on n'a pas le temps, en fait, de réfléchir à tout ça, au-dessus du moins, moi, non. Et puis il y a des scènes qui restent gravées aussi. Comme je disais, un conflit qui va éclater en magasin pendant qu'on reçoit une petite dame en pleurs. Ça, ça m'a fait rire aussi. Enfin rire, j'en rigole parce que voilà, c'est dramatique. Je recevais une petite dame en fait qui avait perdu sa maman de 90 ans. Et la petite dame en fait, elle était en pleurs devant moi. Il faut savoir qu'on avait une famille conflictuelle. enfin voilà tu tu avec des petits différents, etc., deux familles avec des petits différents, et autour de la mort d'un défunt, et puis la porte était vitrée, et donc moi je reçois avec ma collègue cette petite dame en pleurs, avec son petit sac à main, je la revois, qui est en train de dire « J'ai perdu ma maman, je suis très triste ! » Et juste derrière, dans le magasin, on voyait à travers la porte les deux familles qui allaient se mettre dessus, qui allaient se taper. Du coup, c'est drôle, c'est le contraste qui est drôle. Donc là, ma collègue, à ce moment-là, est intervenue et a demandé à la famille de sortir, voilà, et un peu apaiser les choses. Mais la situation est très drôle. Vous avez devant vous une petite dame qui est en train de pleurer parce qu'elle a perdu sa maman, et vous essayez de la réconforter, et puis d'organiser les obsèques comme il faut, et juste derrière, c'était digne d'un film, en fait, et juste derrière, vous avez la famille qui est en train de se battre. Enfin, voilà, ça, ça reste gravé. Et puis, il y a aussi... Des situations aussi qui marquent beaucoup plus que d'autres, par exemple un jeune homme qui avait décidé de mettre fin à ses jours, et puis on avait la famille de la compagne, la famille du défunt aussi qui était là, et puis à deux jours de procéder aux obsèques du jeune homme, la grand-mère de la compagne qui décède. Du coup, la famille a décidé de garder le même salon et de garder les mêmes pommes funèbres pour l'organisation des obsèques de la grand-mère de la conjointe. On a gardé cette famille pendant deux semaines. On allait leur ramener des chocolats. Qu'est-ce que vous voulez qu'on fasse ? Après, il faut aussi s'occuper des familles, être proche sans non plus être trop proche. Et puis, oui, après, j'ai aussi une anecdote qui est un peu drôle aussi. Je ne sais même pas si c'était légal ou pas. En gros, une petite dame est décédée en Bretagne. Et puis, sa famille, elle a été crématisée et sa famille n'a pas eu le temps de la chercher, de remonter ses cendres. Du coup, en fait, le pompe funèbre local m'a proposé de m'envoyer l'urne avec les cendres de madame en DHL. Oui, oui, par transporteur. Du coup, j'ai reçu cette petite dame dans un carton DHL que j'ai déballé avec soin. je l'ai laissé sur mon bureau toute la journée et la famille est venue la chercher le lendemain soir donc oui cette dame est restée plus de 24h à mon bureau, c'était sympa parce que du coup je lui parlais à cette petite dame donc j'ai eu de la compagnie mais voilà on peut aussi vivre des situations incongrues dont on ne va pas parler quand on est conseiller funéraire parce que c'est le métier, là moi je vous en parle parce que je ne suis plus conseiller funéraire et je ne donne pas À part des collègues qui vont m'écouter et qui savent de quoi je parle, vous ne savez pas où j'ai travaillé, pour qui, etc. Donc, voilà. Et puis, je ne donne pas de nom de famille, de situation précise, etc. Et puis, voilà. Et puis après, parfois, on a aussi des routines, en fait, qui nous choquent, nous, en tant que conseillers funéraires. Moi, ce qui m'a le plus choquée, Merci. C'est une jeune femme décédée d'un accident routier. Et puis forcément, elle va en institut médico-légal puisqu'elle est décédée sur la route. Et puis on nous rend le corps, mais l'institut médico-légal n'a pas fermé les yeux de cette personne. Et donc quand elle est arrivée, cette personne, quand on a ouvert la housse, elle avait encore les yeux ouverts. Enfin quand mes collègues ont ouvert la housse, elle avait les yeux ouverts. et moi ça me choque ça parce que je me dis que A aucun moment, que ce soit le médecin qui a constaté le décès ou l'institut médico-légal, les personnes qui ont procédé à la vérification du corps lorsqu'il est arrivé, personne n'a pensé à avoir ce respect de fermer les yeux du défunt. Ça, pour moi, ça choque. Donc voilà, on doit aussi travailler, en tant que conseiller funéraire, avec des routines professionnelles. qu'on n'accepte pas. Chaque professionnel fait son travail, ils ne sont pas forcés de fermer les yeux du défunt. Mais pour moi, il y a un minimum de respect aussi. Est-ce que j'ai préféré dans le métier, et oui je sais Micheline, tu vas me regarder autrement, tu vas me dire mais cette fille est folle, mais en fait si tu écoutes déjà les précédents podcasts, tu dois déjà te dire que je suis folle, mais là tu vas encore me regarder autrement ma petite Micheline, que j'ai préféré vraiment dans le métier, ben c'est les corps, ouais. Mais pas par fascination morbide en fait, mais c'est vraiment par curiosité respectueuse, je sais pas si tu comprends ce que je veux dire. J'aimais voir le travail du thanatopracteur. J'adore voir le avant-après. Ce avant-après qui va permettre aux familles d'avoir un souvenir apaisé. Le travail de prendre soin des corps, c'est aussi prendre soin des vivants. Et c'est magnifique ce travail de thanatopraxie. Et c'est ça que moi j'ai préféré, c'est les corps. C'est voir le corps arriver. C'est me demander, voilà ben. Une personne qui met fin à sa vie aussi, se dire, « Waouh, elle a eu mal. » On le voit aussi sur le corps, nous, en tant que conseillers funéraires, s'il appuie aussi les thanatopracteurs et n'importe quelle personne qui va travailler dans le funéraire et qui est habituée à avoir des corps. On voit quand les personnes souffrent. Enfin, voilà, c'est... Il faut avoir un certain recul par rapport à la mort pour être conseiller funéraire. Il faut avoir un certain recul, en fait. Ouais. C'est le meilleur conseil que je puisse dire, c'est avoir du recul. Et puis aussi, quand on est conseiller funéraire, il y a des astreintes. Ouais, ouais, ouais, les astreintes. Les astreintes, c'est les permanences funéraires. C'est répondre au téléphone la nuit, à Noël, au Nouvel An, à 3h du mat, pour un décès. Voilà, pour un décès, pour une personne qui a mis fin à ses jours, pour un corps retrouvé. La mort, ça n'attend pas. ça n'a pas d'or en fait. Et donc il y a ce système d'astreinte qui est là le week-end, qui est là la nuit. C'est-à-dire que votre entreprise ferme à 18h, vous prenez le téléphone et ce téléphone vous accompagne jusqu'au lendemain 8h et ce pendant une semaine. Après tout dépend des entreprises. Mais j'ai eu la chance quand j'ai était conseillère funéraire, d'avoir une entreprise où moi je ne me déplaçais pas. Ce n'est pas moi qui allais chercher les corps. Moi, je répondais au téléphone, j'appelais mes collègues porteurs qui étaient de permanence pour aller chercher le corps si le décès ne se faisait pas en hôpital, si le décès se faisait à domicile et qu'on avait un certificat médical de décès. Ça c'est une chance aussi de ne pas se déplacer la nuit. Mais honnêtement, ça m'a... Pas peser du tout, en fait, ces astreintes. Par contre, c'est mal payé. Les gars, les astreintes, c'est mal payé. Tu fais vraiment un métier passion, on va vraiment parler salaire. Ne te dis pas que si tu es conseiller funéraire, tu vas gagner des mille et des cents cocos. Non, le métier de conseiller funéraire, tu es conseiller funéraire parce que tu aimes le métier. Alors, je ne dis pas non plus que c'est sous-payé. Mais pour moi, et c'est mon opinion... on n'a pas le salaire qu'on mérite en tant que conseiller funéraire, on n'a pas la reconnaissance que l'on mérite quand on est conseiller funéraire. Voilà, ne serait-ce qu'on va revenir sur la période du Covid. On a applaudi les infirmiers, mais est-ce que M. Macron, par exemple, sans vouloir le citer, a remercié les conseillers funéraires, a remercié le personnel funéraire, que ce soit les porteurs, que ce soit les maîtres de cérémonie, voilà, est-ce qu'il a les thanatopracteurs aussi ? Est-ce qu'il les a remerciés ? Non. Donc c'est un métier aussi qui manque de reconnaissance. Ne fais jamais ce métier parce que tu veux être bien payé. Ne fais pas ce métier parce que tu veux avoir de la reconnaissance. Non. La reconnaissance que tu as, c'est la reconnaissance des familles. C'est les familles qui te disent merci. C'est avoir respecté le souhait d'un défunt. C'est avoir rendu un défunt très beau. Et c'est ça ta reconnaissance en fait. Et puis on va arriver à ce qui m'a poussé à arrêter. Il faut savoir que... Si j'ai arrêté, j'ai arrêté pour plusieurs choses. Déjà, on ne va pas se mentir, je n'étais plus d'accord avec ma direction sur certaines choses. Donc voilà, ça, je leur ai dit. Et puis, j'ai payé un petit coup à tout le monde. Et puis, même avec la personne avec qui j'étais en désaccord. Et je lui ai dit, en trinquant, que dans le travail, en fait, ce n'était pas vraiment une bonne personne. Mais que dans le perso, ça devait être une bonne personne. Enfin, voilà, bref. J'ai réglé mes comptes avec tout le monde. dit ce que j'avais à dire gentiment, et je suis partie. Voilà, bisous, bonne journée. Mais aussi, si j'ai arrêté, c'est parce que la maladie de ma grand-mère avançait, et qu'elle avait besoin de moi. Entre la dialyse et l'Alzheimer qui grandit, je me suis fait du coup aujourd'hui le relais de ma tante et des auxiliaires de vie. Et puis aussi, pourquoi je ne retourne pas dans le funéraire ? Parce que ma vie personnelle actuellement ne me permet pas d'assurer des astreintes. Voilà. Et puis, il faut que je vous dise aussi, je ne suis plus conseillère funéraire, mais j'ai une cérémonie qui m'a marquée. C'est celle de mon beau-frère qui est décédé en avril dernier. Voilà, tu n'es plus conseiller funéraire, mais quand tu l'as dans le sang, en fait, ce métier, quelque part. Enfin, voilà, moi, je sais qu'au début, quand j'arrêtais le métier de conseiller funéraire, chaque fois que je voyais une camionnette, Moi, j'étais là, oh putain, c'est des gars d'astreinte. Oh putain, ils vont chercher un corps. la psychopathe. Enfin, voilà. Mais tu l'es toujours encore un peu. Et puis, voilà, tu t'accompagnes, ta famille t'accompagne, les gens que tu connais aussi dans leur démarche, et c'est ce qui s'est passé lorsque mon beau-frère est décédé, le frère de mon compagnon. J'ai guidé ma belle-famille, je les ai aidés aussi dans l'organisation et la coordination avec les professionnels. On a personnalisé chaque détail ensemble jusqu'au cercueil. Voilà, il y a eu de la coordination de son groupe qui avait joué pour lui. Ce qui a rendu en fait cette cérémonie douloureuse, très douloureuse, mais très belle aussi à son image. Et cette cérémonie-là, c'est celle dont je suis le plus fière en tant que conseillère funéraire qui n'était plus conseillère funéraire. Et puis, il n'y a pas que le métier de conseiller funéraire dans le funéraire. Là, moi, je vous parle de mon expérience dans le funéraire. Mais il y a d'autres métiers sans lesquels le conseiller funéraire, il ne serait rien, en fait. Tout d'abord, le thanatopracteur, parce que le thanatopracteur, c'est lui qui fait les soins, c'est lui qui aide. Et le conseiller funéraire se doit d'avoir un très bon rapport avec le thanatopracteur, parce que c'est son collègue de travail. Mais on a d'autres collègues de travail. On a le maître de cérémonie aussi. alors Le conseiller funéraire peut aussi avoir le rôle de maître de cérémonie. Mais dans certains ponts de funèbres, il y a le conseiller funéraire, il y a des maîtres de cérémonie aussi. Et les maîtres de cérémonie sont très importants, puisque c'est eux qui vont organiser la cérémonie avec la famille, c'est eux qui vont faire qu'au final, la famille soit, comment dire, soit contente de la cérémonie qu'ils ont eue. On a aussi les porteurs, les porteurs qui sont... C'est super important, puisque c'est eux qui vont aller chercher le corps. C'est eux qui vont transporter le cercueil, c'est eux qui vont porter le cercueil, c'est eux qui vont fermer le cercueil aussi avec le maître de cérémonie. C'est eux qui vont conduire, par exemple, à l'église, ou sur le lieu de cérémonie. Donc tous ces gens sont hyper importants. On a aussi les agents de crématorium, ces personnes qui vous accueillent au crématorium, qui vont se charger du cercueil. Vous avez aussi les maîtres de cérémonie du crématorium, les marbrillés, les veaux soyeurs, les personnes qui vont travailler directement au cimetière, la gestion des cimetières aussi. Vous avez des personnes qui gèrent les cimetières des grandes villes, vous avez aussi l'administrative des mairies, les personnes qui vont faire les agents de mairie, qui vont faire les actes de décès. Vous avez aussi les conseillers prévoyants sobsèques. voilà, vous avez tous ces métiers qui gravitent autour du funéraire et donc il n'y a pas que le métier de conseiller funéraire. Et puis, si j'ai des conseils, en fait, mes conseils à ceux qui voudraient se lancer dans le métier de conseiller funéraire, déjà, j'en ai trois, c'est 1. Prendre du recul. La tristesse des familles, c'est pas ta tristesse. C'est pas la tienne, en fait. Toi, t'es juste là pour les accompagner. T'es même pas là pour atténuer la douleur, parce que la douleur, elle est là. C'est la leur, en fait, elle leur est propre. Toi, t'es simplement là pour les accompagner à dire au revoir à leurs défunts. Ensuite, le deuxième point, c'est soyez rigoureux, sois rigoureux. Chaque détail compte, que ce soit dans l'administratif, etc. Oui, il y a du stress, oui, il y a des délais à respecter, mais connais tes process sur le bout des doigts. Ne fais pas d'erreur, parce que les familles, elles, elles ne te louperont pas en fait. La moindre petite erreur, la famille, elle te tombe dessus. Et puis... Le dernier conseil, et ça j'en ai parlé en début de podcast, c'est sache que la mortC'est pas celle d'une personne âgée en fait. Tu verras des enfants, tu verras des jeunes, tu verras des personnes qui seront défigurées, des accidentés de la route, des choses qui seront vraiment pas jolies en fait. Et il faut jamais idéaliser la mort et te dire je vais être conseiller funéraire, nickel en fait, je vais rien voir. Non, non, tu vas pas rien voir, tu vas pas rien sentir en fait. C'est un métier humain, il faut se préparer à ce que tu vas voir. Mais surtout ne fais pas un focus morbide en fait sur ce que tu vas voir aussi. Si t'as besoin d'aide, parle-en à tes collègues, etc. Faut pas hésiter à rire aussi de ce que tu vois parfois. Parce que, moi par exemple, des fois il y a des courants d'air, il y a des petites choses bizarres, mais en fait c'est explicable, il faut parler au corps. Moi je sais qu'un jour j'ai ouvert la porte pour rentrer par l'arrière du salon funéraire, et la porte de l'autre côté s'ouvre, j'ai regardé le défunt, j'ai dit « Mais dis-donc, c'est qu'on veut me faire peur aujourd'hui ! » Voilà. Il ne faut pas hésiter à en rire. Moi, par exemple, le soir, quand j'allais voir les corps, avant de partir et de fermer le salon, je disais à mes collègues, je vais regarder si les corps n'ont pas bougé. C'est très bien qu'ils ne vont pas bouger, en sens propre du terme, mais ils peuvent bouger, on va dire, physiquement. corps peut se dégrader et c'est ça pour moi bouger en fait. Donc voilà, il y a des jeux de mots aussi qui sont très drôles. Donc voilà, il faut aussi savoir la mort c'est pas toujours beau mais il faut aussi savoir prendre beaucoup de recul et avoir un léger humour aussi. Et puis ce métier, moi ce métier m'a transformée parce que déjà j'ai une autre vision de la mort encore plus que ce que j'avais quand j'ai commencé le métier de conseiller funéraire. Ça m'a transformée sur déjà moi, ce que je voulais, sur le regard que je porte à la mort, sur les gens qui décèdent autour de moi. Ça, je suis toujours aussi triste, je ne suis pas insensible, mais j'ai un autre regard en fait. Ce métier, c'est un mélange de rigueur, de cœur, d'improvisation aussi totale par voix. Et ça, s'il y a des conseillers funéraires qui m'écoutent, ils ne diront pas le contraire. D'improvisation, mais contrôlée. Voilà, on n'improvise pas, c'est une improvisation contrôlée. On répare les choses. C'est un métier qui est aussi exigeant, qui est parfois rude aussi, mais il est indispensable. Des fois, sous le stress, vous allez avoir un collègue qui va potentiellement vous parler un peu mal, ou qui va être un peu plus stressé, etc. Parce que la famille est exigeante, etc. Et ça, il ne faut pas non plus leur en tenir rigueur. C'est un métier, ouais, qui est rude. Comme je le disais tout à l'heure, il ne faut pas attendre de merci, en fait. On fait les choses parce qu'il faut les faire, parce qu'il faut des conseillers funéraires, il faut des gens qui accompagnent les vivants dans leur première étape du deuil aussi. Parce que c'est ça aussi le métier de conseiller funéraire, c'est accompagner les familles dans leur première étape du deuil, et à dire au revoir, et avoir un bel hommage. Et puis voilà, c'est un métier qui pour moi est indispensable. 

Merci d'avoir écouté Beyond the Veil. Et vous, qu'est-ce qui vous surprend le plus dans les coulisses du métier de conseiller funéraire ? Dites-le moi en commentaire. Et puis, si cet épisode vous a plu, n'hésitez pas à le partager à des personnes qui voudraient être conseillers funéraires. Et n'oubliez pas de me laisser une petite étoile ou un j'aime pour soutenir le podcast.

Virginie Barba

Moi c'est Virginie, reine des licornes 🦄, conseillère funéraire de formation, passionnée de la mort et surtout créatrice du podcast Beyond the Veil, le podcast qui va vous réconcilier avec la mort 💀✨.

Toutes les 2 semaines, le mardi soir, on parle culture, faits de société, livres, métiers, tourisme et de toutes ces choses qui font que la mort fait partie de notre vie.

Ce podcast n’est ni une apologie de la mort, ni une tentative de la banaliser et encore moins un discours morbide. C’est un espace de réflexion et d’échange pour explorer les multiples façons dont la mort façonne nos vies et lui redonner une place dans nos conversations, sans tabou ni peur.

Beyond the Veil c'est une safe place pour parler d'un mot, d'un concept qui fait peur, en toute simplicité parce qu'en 2025 on peut parler et rire de tout, même de la mort !

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