EP6 - Comment parler de la mort aux enfants
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RÉSUMÉ DE L’ÉPISODE:
Comment parler de la mort aux enfants : entre tabou, tendresse et vérité
On redoute souvent leurs questions. Et quand elles tombent, c’est le grand blanc : “Elle est où Mamie maintenant ?”
Dans cet épisode de Beyond the Veil, Virginie aborde avec humour, clarté et délicatesse un sujet universel et pourtant si peu préparé : comment parler de la fin de vie aux enfants.
🧠 À quel âge comprend-on vraiment ce que signifie mourir ?
📚 Quels mots, quels gestes, quels livres pour aborder ce sujet sans traumatiser ?
💬 Et faut-il tout dire ou simplement dire vrai ?
Entre psychologie de l’enfance, erreurs classiques et rituels apaisants, Virginie vous propose un guide à hauteur d’enfant — et d’adulte aussi.
Un épisode pour celles et ceux qui veulent ouvrir la conversation sans l’imposer, poser des mots sur l’absence, et transmettre sans tabou.
Pour aller plus loin sur le sujet de la mort expliquée aux enfants, voici quelques références pour vous aider :
Pour aller plus loin dans l’épisode :
Livres pour les enfants :
Le Grand Arbre de Britta Teckentrup (2-6 ans, cycle de la vie).
L’Île du loup de Celia Godkin (6-9 ans, équilibre naturel).
Au revoir Blaireau de Susan Varley, sur la perte et la mémoire.
La croûte de Charlotte Moundlic, sur le chagrin qui gratte.
Le vide d’Anna Llenas, sur le manque et la reconstruction.
Adieu, Blanche-Neige de Beatrice Alemagna (8+ ans, deuil).
La Vie, la mort de Catherine Dolto (3-6 ans, explications simples).
Livres pour les adultes :
Parler de la mort de Catherine Dolto (guide pratique).
Accompagner l’enfant en deuil d’Isabelle Filliozat (gestion des émotions).
Euh … Comment parler de la mort aux enfants - Delphine Horvilleur
Pour s'informer les articles de Happy End
RETRANSCRIPTION:
Vous écoutez Beyond the Veil, le podcast qui va vous réconcilier avec la mort. Ce podcast vous est présenté par Virginie, moi, conseillère funéraire de formation et passionnée par ce sujet si tabou encore en 2025. Ce podcast traite d'un sujet sensible et n'est ni une apologie, ni une façon de le banaliser.
Comment on parle de la mort aux enfants ?
Cette question simple, brutale et pourtant universelle, on se la pose souvent trop tard. Quand il y a un décès, quand il y a un silence... Quand l'enfant nous regarde avec ses grands yeux et nous demande « Elle est où mamie maintenant ? » ou encore « Il va mourir, tonton ? » Et là, c'est panique à bord, mes p'tits soleils. Parce qu'on ne sait pas, parce qu'on ne sait plus, et qu'on a surtout peur de dire un truc qui va le traumatiser à vie.
Le premier truc à comprendre, c'est que les enfants n'ont pas le même rapport à la mort que nous. Pas parce qu'ils sont naïfs, mais parce qu'ils sont en construction. Ah ça va, c'est pareil, hein. C'est pas moi qui le dis, c'est les psychologues dans leur travail.
Par exemple, avant 5 ans, La mort est perçue comme un état temporaire, un peu comme dormir ou partir. Entre 5 et 9 ans, il commence à capter que ça arrive à tout le monde. Mais il pense parfois qu'on peut l'éviter. Genre, si on est gentil ou qu'on mange des légumes, la personne, elle va revenir. C'est vers 9 ou 10 ans que les choses se posent. La mort devient un concept abstrait, mais compris. Et là, parfois, l'angoisse débarque. À partir de 10 ans, c'est plus complexe. On est dans la réalité, dans l'absence, dans le « c'est pas juste » .
Mais ce qu'il faut retenir, c'est ça. Ce n'est pas parce qu'ils ne disent rien qu'ils ne ressentent rien. Et ce n'est pas parce qu'ils posent des questions étranges qu'ils sont trop jeunes pour comprendre. Et là, vous savez que j'ai mis des guillemets en disant ça. Par contre, ce qu'ils comprennent très bien, c'est quand on évite le sujet. Quand on dit « il s'est endormi » ou encore « elle est partie en voyage » , on ne les protège pas. S'ils sont tout petits, moi j'aime bien dire que « il ou elle est parti rejoindre les étoiles » ou « qu'il ou elle veille sur nous » . C'est beaucoup plus poétique. Et l'enfant, en fait, au final, quand il regarde les étoiles, va penser à cette personne et c'est beaucoup plus sain. Si on tient un discours comme « il s'est endormi » ou « il est parti en voyage » , on va créer de la confusion. Parfois même de la peur.
Alors il faut être clair et simple. Tu veux que ton enfant dorme la nuit ? Bah lui, dis pas « papy s'est endormi pour toujours » . Bah non, parce qu'il va fermer les yeux, il va se dire « est-ce que je vais me réveiller ? »
Mais au fait, qui je suis, moi, pour parler des enfants ? Parce que bon, j'en ai pas. Bah justement, j'ai assez de recul pour pouvoir parler sans filtre, genre la tata sans filtre, sans donner de leçons. Mais ne me confiez jamais vos enfants si vous voulez pas qu'ils finissent trauma. Alors, est-ce qu'il faut leur dire la vérité à ces enfants ? Rien que la vérité ? Même la partie où le corps devient poussière ? On va éviter de parler de la décomposition. Eh ben, pas forcément. Mais il faut dire une vérité juste pour leur âge. Une vérité qui va les aider, pas qui les noie. Et cette vérité, elle va leur montrer que la mort, c'est un processus naturel à la vie. Dire « papy est mort » , ça veut dire que son corps s'est arrêté de fonctionner. Il ne respire plus, il ne bouge plus, il ne souffre pas et il ne reviendra pas. Ça, c'est un discours clair. C'est direct, c'est sécurisant. On peut ensuite ouvrir un espace pour leurs propres croyances, leur imaginaire ou simplement leur silence. Parce que parfois, ils vont continuer à jouer, comme si de rien n'était. Genre, c'est ok. Et en fait, ce « ok » , c'est pas un manque d'empathie. C'est juste leur manière de digérer. Et parfois, ils vont te demander si toi aussi tu vas mourir. Et là, prends un petit verre d'eau, de ce que tu veux, et tu peux répondre « oui, un jour » , mais normalement pas tout de suite. Et toi, t'as envie d'en parler ? Et ça, cette phrase, ça va laisser une porte ouverte sans noyer l'enfant dans ses angoisses. Et dans les nôtres aussi.
Et puis, il y a des livres qui aident. Et il y en a un que j'ai lu récemment et que j'ai adoré. Ce livre, c'est « Comment on parle de la mort aux enfants » de Delphine Horviller. Déjà, rien que le titre, on sent l'hésitation, on sent le malaise. C'est pas un manuel, c'est pas une méthode, c'est un essai à hauteur d'enfant, mais aussi à hauteur d'adulte qui doute. Elle y raconte les questions de ses propres enfants, elle parle de rituels, de spiritualité sans dogme. Parce que, pour remettre un peu dans le contexte, Delphine Horvilleur, elle est rabbin. Dans son livre, elle propose de laisser une place à l'imaginaire, de ne pas fuir la question, et surtout, de ne pas avoir peur de dire « je ne sais pas » . Elle dit aussi une chose que je trouve essentielle : "Ce qui traumatise les enfants, ce n'est pas qu'on leur parle de la mort, c'est qu'on ne leur en parle jamais." Et en fait, je trouve ça vrai, parce que la mort, on l'évite dans les conversations. Et donc, un enfant, forcément, va se dire « je vais éviter d'en parler » .
Alors comment on fait concrètement ? Concrètement, on va encourager les questions et on va proposer des rituels. Par exemple, écrire une lettre aux défunts, faire un powerpoint photo ou vidéo comme un hommage, allumer une bougie, Une visite sur la tombe. Un moment de recueillement ou de prière, on va aussi écouter avant de répondre. Parce qu'un enfant qui demande « elle est où mamie ? » n'attend pas forcément un plan de l'au-delà en version PowerPoint. Il attend juste qu'on ne l'ignore pas. On utilise aussi des livres, comme par exemple des albums magnifiques, comme « Le grand arbre » de Britta Teckentrup. C'est un livre poétique pour les 3-6 ans, sur le cycle de la vie. « L'île du loup » de Célia Gotkin, ou Gotkin, je ne sais pas, excusez-moi pour la prononciation, pour les 6-9 ans qui abordent la mort dans la nature. Pour le deuil, “Adieu Blanche-Neige” de Béatrice Almania. Ce livre est magnifique pour les 8 ans et plus. On a aussi “Au revoir Blaireau” de Suzanne Varlet sur la perte et la mémoire. “La croûte” de Charlotte Mundlik sur le chagrin qui gratte. Ou encore “Le vide” d'Anna Llenas sur le manque et la reconstruction. On peut aussi s'aider du film “Coco” de Pixar.
“Coco”, en fait, c'est parfait pour parler de la fin de vie, des souvenirs et de l'au-delà, que vous soyez laïque ou religieux. Par contre, quand vous regardez Coco avec votre enfant, s'il est tout petit, Ne le laissez pas sans la conversation. Parce que de base, moi en tant qu'adulte, Coco me fait pleurer. Mais toutes les larmes de mon corps. Alors j'ose même pas imaginer un enfant qui commence à ressentir des sentiments et qui commence à comprendre. Et puis, on ose aussi montrer nos émotions. Un enfant qui voit un adulte pleurer, c'est pas une tragédie. C'est ok. C'est une leçon de vie. On peut être triste et continuer. On peut être vivant et aimer des gens qui ne le sont plus. Et j'irai même plus loin en disant que c'est rassurant de montrer sa tristesse à un enfant. C'est sain de partager ses émotions, surtout si elles sont fortes, et ça normalise chez l'enfant le fait de pleurer. Il se dit « Ok, moi aussi je peux.
Et je sens venir les questions. » Mais stop, t'as pas besoin d'être parfait. Parle avec tes mots, tes émotions. Dis les choses telles qu'elles sont, telles que tu les ressens. T'as envie de dire que c'est pas juste ? Exprime-toi, dis-le devant cet enfant. Mais l'essentiel, c'est de garder un discours ouvert. Si vous n'avez pas de décès récents, go ! Aborder la mort naturellement prépare l'enfant à y faire face plus tard. Un livre ? Une balade en forêt ? Ces moments préviennent l'anxiété future.
Parler de la mort aux enfants, ce n'est pas leur faire peur. C'est leur apprendre qu'on peut traverser la vie avec des trous dans le cœur et malgré ça, rester entier. C'est leur dire que le silence, c'est pire que les larmes. Et que parfois, les meilleures réponses, ce sont les questions qu'on ose poser ensemble.
Merci d'avoir écouté Beyond the Veil. Si vous voulez soutenir le podcast, abonnez-vous, notez-le et partagez-le avec quelqu'un qui en a besoin. Et puis, si vous avez déjà traumatisé comme moi un enfant en lui parlant de la mort, laissez un com ou envoyez-moi un DM, j'adore échanger avec vous.